- Dis Cortex, tu veux faire quoi cette nuit ?
- La même chose que chaque nuit Minus, tenter de conquérir le monde
Une fois n'est pas coutume, nous allons manipuler les bad guys et tenter d'accomplir notre objectif machiavélique. Le premier à l'atteindre remportera la partie. Si certains auront des velléités un peu "grandioses" comme collecter les pierres d'infinité et faire disparaitre la moitié de l'univers, d'autres se contenteront de faire péter le Wakanda. Rien que cela impose une forme de risibilité et iniquité entre les joueurs assez sympathique.
Car c'est bien là le sel du jeu : l'asymétrie des méchants et leur gameplay spécifique.
Que cela ne cache pas les défauts, à mes yeux, du jeu : les gameplay ne se valent pas, si certains sont intellectuellement plus retors, d'autres feront dans le pousse-cartes pépère; Les parties peuvent être longuettes et répétitives, frustrantes quand la carte nécessaire ne vient pas alors qu'on fait tourner son paquet comme un malade, ou quand vos ennemis vous pourrissent le jeu façon 2 contre 1 sans raison objective (la vie est trop inzuste - Caliméro). L'interaction peut être minimale et si l'on est pas un peu au jus de l'univers Marvel, pas certain que l'émotion soit au rendez-vous.
Mais alors, pourquoi une bonne note ? Malgré tous ces défauts, on se prend au jeu, on cherche à optimiser chaque choix, les parties se jouent régulièrement au tour près ce qui n'est pas évident sur le papier : le travail d'équilibre du bazar est bon, on se dit d'ailleurs que le job derrière chaque jeu de méchant est bien vu. On ne fait pas le tour du jeu en 2 parties : il faut comprendre son propre jeu, comment se dépatouiller malgré les embûches, réfléchir à ce qu'il faut bloquer chez les autres. La pioche hasardeuse des menaces à coller sur les vilains d'en face est drôle, les gérer chez soi de la meilleure des façons impose la réflexion.
Plus vicieux : on a très envie de jouer d'autres méchants qui fleuriront dans les extensions pour découvrir leur gameplay, trouver les configurations qui rendront les parties les plus exaltantes. Le jeu de plateau "à collectionner" (Magic style) est en marche.
En conclusion : ce n'est certes pas le jeu du siècle mais l'asymétrie donne aux parties un je-ne-sais-quoi de plaisant et "fluff" comme on dit dans les milieux autorisés. Le tour de force étant de réussir cette asymétrie en la rendant accessible dès la première partie tout en permettant une certaine courbe d'apprentissage qui, si elle n'est pas vertigineuse non plus, assure à Villainous une durée de vie décente. Aimer l'univers Marvel me semble tout de même être un atout indéniable pour assurer des parties régulières et passer outre quelques faiblesses.