Fouiller dans les articles, les pubs, les titres, voilà le métier du journaliste, qui en plus de sa verve, doit équilibrer bonnes et mauvaises nouvelles et savoir assembler au mieux tous ces paragraphes (sous forme de tuiles) pour complé'ter sa page vierge.
Redac' Chef rejoint la famille de Animalia, Souviens-toi, Ecosytème ou le récent Shake the city qui, eux aussi, s’inspirent du même principe que notre jeu journalistique : Poser des cartes ou des polyominos de la façon la plus optimale pour marquer des points. X est adjacent à Y et Z etc. Rien de nouveau puisque des titres comme Carcassonne ou Barenpark avaient déjà utilisé, de près ou de loin, cette mécanique. Alors Peter McPherson (l'auteur), vilain copieur ? Il faudrait plutôt se demander pourquoi un jeu plaît, pourquoi un titre sort du lot ? C’est parfois un mystère et cela tient à peu. Car oui, Redac' Chef n’innove pas, c’est un puzzle avec ses petits bonus de placement, ses contraintes de tours et son occupation maximale des sols. Classique. Il a cependant pour lui plusieurs choses : des plateaux qui s’agrandissent et faussent notre gestion de l’espace, un minuteur qui met la pression (même en poussant à 5 minutes au lieu de 4), et le fait d’entasser les tuiles au jugé (et zut il en manque !!! Et zut j’en ai trop !!).
Attirant de par son imagerie et son thème qui colle bien à sa mécanique centrale, le jeu peut être déconcertant car il y a beaucoup à penser. Qui plus est, le jeu est subtilement exponentiel. Et l’agrandissement du cadre, cette ridicule case de plus par ligne, bouleverse chaque manche, faussant notre jugement. Car si l’on veut être minutieux, il a y a beaucoup à prendre en compte : la tuile centrale, le bord du cadre, le trop/trop peu du bureau, la couleur des articles, le nombre des logos humeur… Et si en plus on ajoute l’événement du jour (contrainte supplémentaire) cela peut vous mettre la tête en émoi. Autour de la table, l’engouement peut vite tourner aux jérémiades car rien ne s’assemble, car il reste trop peu de temps, car on n’a pas les bonnes couleurs.
Dans Redac' Chef il faut avoir l’œil et il faut trouver le rythme, celui qui permet de fouiller et de mettre en place sans être dans le rush. Pas si facile. Si ce côté oppressant ne vous plaît pas, il reste des versions plus posées où le sens du mot puzzle sera encore plus au cœur du jeu, faites-vous plaisir ! Un titre qui ne révolutionne donc pas le genre mais sait, grâce à un travail soigné, un mélange de mécaniques équilibré et un rythme bien mené produire sa dose de réflexion et de d’amusement. Une réussite. (À noter que j’ai joué sur la version Fit to print de Flat out games)