Age of Steam est sorti en 2003, mais c'est seulement deux ou trois ans plus tard que j'ai acquis cette curieuse boite rose de chez Warfrog ; Il m'a fallu ensuite attendre 2008 pour disputer ma première partie, alors qu'on pratiquait déjà certains jeux du Maestro Wallace comme Byzantium, Liberté, Struggle of empire, Perikles et bien sur, le grand Brass. Il faut dire que dans le groupe de joueurs que je fréquentais à l'époque, les jeux de train n'étaient guère appréciés et le manque d'enthousiasme notamment pour l'aspect "fonctionnel" de AoS n'aidait pas beaucoup. Et puis un soir, des joueurs arrivés depuis peu au club ont cédé devant mes larmes de crocodiles (ou des menaces de violences physiques, je ne sais plus) et ce fut le déclic. Nous avons enchaîné des parties d'abord sur le plateau de base, puis sur des extensions et en gagnant toujours un peu plus d'adeptes. Depuis quelques années, les occasions d'y jouer se sont faites pour moi un peu plus rares, mais ressortir à AoS de temps à autres est toujours un moment ludiquement très stimulant, surtout entre connaisseurs.
AoS, c'est un système ludique à lui seul. On y retrouve concentrés des mécanismes qui ont fait le succès de bien des jeux sortis ces dernières années. Certes, son aspect austère a sans doute freiné sa diffusion, mais je n'imagine pas AoS autrement qu'avec un plateau couvert de cases hexagonales vertes, des pions en bois et des cubes de couleurs. La prochaine réédition "Deluxe" semble d'ailleurs vouloir perpétuer ce style épuré.
Je confesse néanmoins que dans ma ludo, en plus de la boite l'originale, on peut trouver aussi la version Eagle games (résultat du fameux conflit en M. Wallace et J. Bohrer sur la paternité du jeu) avec des locomotives en... plastique (Ne pas jetez de cailloux, d'avance merci).
Une partie d'AoS génère une tension particulière : Presque chaque phase amène des décisions difficiles et une concurrence souvent féroce entre les participants... un vrai wargame du rail. Comme si cela ne suffisait pas, le jeu lui-même est impitoyable avec les joueurs en les poussant vers les précipices de la banqueroute. L'enchère pour l'ordre du tour, les coûts des voies, les intérêts d'emprunts, les niveaux de loco, les impôts selon la tranche de revenus... pour maîtriser tout cela, une gestion au cordeau est vraiment nécessaire, ne serait-ce que pour survivre, mais il faut aussi prendre des risques pour se distinguer, sinon vous ferez une partie honnête, mais sans plus.
Au fil des années, de nombreuses cartes sont apparues, officielles ou non ; j'ai eu l'occasion de jouer notamment sur des théâtres d'opération aussi différents que la Scandinavie, l'URSS, la France, l'Egypte, le Chili, l'Italie, l'Irak, la Californie du Nord, la Pennsylvanie ou encore New-York. Des règles un peu différentes viennent pimenter chacune de ces extensions, mais le système "age-of-steamien" reste globalement le même. Pratiquer AoS avec des joueurs qui le connaissent bien est un challenge que je souhaite à tous les amateurs de ce grand jeu. Certains plateaux sont faits pour des configurations précises (la scandinavie pour le jeu à 3 par exemple), et il est ainsi possible de pratiquer le jeu de 2 (Sainte-Lucie ou Jamaïque) à 6 joueurs (Chili) et même en solo avec notamment la carte des Barbades. A noter que la carte du Portugal a été réalisée par un fan d'AoS, un certain Vital Lacerda.
Durant des parties, j'ai eu parfois une impression de magie en voyant un joueur se sortir d'une situation financière tendue, tout en construisant un réseau efficace (parfois assez complexe) et en s'emparant des meilleures marchandises. Il y a une vraie courbe d'apprentissage à ce jeu, avec des joueurs qui "sentent" les bons coups, le moment de miser juste pour obtenir l'action qu'il faut au moment où le faut, le bon timing pour le retrait de la marchandise qui va bien, la construction du tronçon qui résout bien des problèmes ou l'installation d'une nouvelle cité.
Bien jouer à Age of steam, c'est tout un Art... pour le plaisir ludique qu'il procure, je vous souhaite d'y parvenir.