Quand on me demande quel est l'auteur dont je préfère les oeuvres ludiques, je dis Stefan Feld, hésitant parfois avec Lacerda ou Kramer, voire tant d'autres...
Et en fait, quand on voit les titres réalisés par ces auteurs italiens, parfois en solo, à deux, ou tous ensembles, eh bien je me dis qu'en fait ma préférence va vers eux, et finalement, assez largement. Tous les jeux un peu costauds de ces dernières années qui m'ont le plus donné le frisson ludique, à quelques exceptions près, ce sont les leurs.
Et ce "Alma Mater" ne fera pas honte à ses ainés !
Mécaniquement, c'est efficace, bourré d'interactions tout en évitant de rendre ça agressif ou chaotique. Il réussi aussi à proposer une variété des parties plutôt pas mal (et comme ce sont différents types de cartes qui le permettent, il est facile d'augmenter ça, au besoin), reste facile à assimiler tout en étant très stratégique. Et il n'oublie pas cette petite frustration du "il me manque une action / une ressource / une thune pour faire un super coup" que tous les plus grands possèdent. Allez, légère ombre au tableau : le jeu semble bien meilleur à 4.
Le jeu est beau et très lisible et la thématique plutôt bien rendue.
On pourra sourire sur le fait qu'on embauche des professeurs d'université en les payant à coups de livres et de dictionnaires (eh oui : "Questions pour un Champion" existe depuis la Renaissance !).
On regrettera également la présence de femmes dans les illustrations (oh, le gros macho !), vu que, si je ne me trompe pas et puisque nous jouons une partie se déroulant au XV°, les femmes n'ont eu droit à l'université qu'au XIX°. Montrer des étudiantes est donc anachronique, ou, si c'est pour qu'on ne crie pas au scandale de ne voir que des visages d'hommes, une grosse erreur car à mon sens c'est ne pas assumer notre Histoire, mentir ou renier, et ne pas avouer que justement les femmes en ont bavé jusqu'à il n'y a pas longtemps (et on pourrait bien entendu dire que tout n'est pas encore réglé, mais c'est une autre histoire...). A moins que ce ne soit pour pouvoir faire un petit jeu de mot du genre "j'ai croisé une étudiante, Alma mater"...
Le matériel est beau et la courbe d'apprentissage certaine.
N'en jetons plus, voilà un très bon jeu à ne pas rater...