Pour ma première incursion chez Ystari, me voilà fort déçu. Non pas que Amyitis soit en soi un mauvais jeu, loin de là, mais disons qu'il emprunte ses mécanismes à d'autres de ses ainés plus glorieux.
J'aime les choix cornéliens auquels nous confronte le jeu, mais après un jeu comme l'Année du Dragon, ou Puerto Rico, franchement, on se lasse assez vite.
Pour ce qui est de l'interaction entre les joueurs, elle n'intervient qu'aux marges du jeu, autant dire qu'elle est absente. Pour l'Année du Dragon, où il n'y a pas des masses d'interaction non plus, ce problème est largement compensé par la rapidité du jeu (1 heure max) et la somme de réflexion à engager, ce qui fait que même lorsque c'est au tour de ses adversaires, on ne s'ennuie pas une seconde puisque l'on est soi-même en train de cogiter. Ici, dans Amyitis, on a largement le temps de s'ennuyer.
Je ne sais pas vraiment, n'arrive pas à cerner véritablement la source de la déception. Peut-être simplement la mécanique du jeu, sa dynamique... Tout est en effet brut, mis à nu, froid... Mécanique, purement et simplement. Il y a ici comme un bug de conception. Je m'explique : à Amyitis, chose curieuse, tout semble se tenir un peu comme une planète de gaz, avancer sur le sol restant assez hasardeux. Puis on sent poindre une sorte de contradiction. En effet, quelques (trop rares) actions restent évidentes, à condition d'avoir encore la possibilité d'opérer les bons choix au moment où vient votre tour (contrairement à Puerto Rico qui lui est très élastique et tolère les improvisations). Les choix, si l'on peut les appeler ainsi, sont de faux choix puisque choix par défaut. La stratégie que vous tentiez d'élaborer tant bien que mal depuis le début de la partie peut ainsi se voir fortement contrecarrée, sans pour autant vous laissez d'alternative. La sanction est immédiate et alors bonjour pour rattrapper le retard... Une inquiètante sensation d'avancer comme dans du beurre rance vous envahit au cours de la partie.
Quand j'ajoute à cela un graphisme glacial et très "graphiste", justement, où l'on sent l'assistance par logiciel pro interposé, on comprendra ma déception, partagée par l'ensemble de mes complices de jeu.