Ascot est une relique dans le monde des jeux de société. Cette version francaise date de 1946 ! Le jeu original est sorti en 1937 !! Il est émouvant déjà de jouer à un jeu aussi ancien.
On aurait pu s'attendre à un jeu sans intérêt et bourré de hasard. Il n'en est rien même si Ascot n'est pas destiné aux grands stratèges. Les parties sont longues et les règles manquent de précision. Des exemples illustrés auraient été les bienvenus pour aider à comprendre certaines situations. Ascot est un jeu qui a plus de 70 ans et on ne peut être qu'indulgent à son égard. Nombre de jeux actuels sont loin d'être irréprochables sur ce plan...
Le plateau de jeu est réversible et correspond à 2 phases bien distinctes du jeu.
Dans un premier temps le circuit d'entraînement permet aux joueurs de préparer leurs chevaux. Ici la chance est déterminante même si une petite phase d'enchères, très innovante pour l'époque, égaye le début de la partie. On reste toujours dans le schéma du sempiternel Monopoly. Normal puisque, 3 années seulement auparavant, l' éditeur était le même !
Le challenge devient nettement plus intéressant sur le 2ème circuit quand les joueurs débutent la course à proprement parlé.
Il est possible de parier sur le cheval gagnant afin d'accroitre sa fortune en fin de partie. La règle reste floue sur le véritable intérêt de ces paris. Le gagnant est-il le propriétaire du cheval arrivé premier ou le joueur le plus riche en fin de partie ? Ascot était-il un jeu de paris d'argent déguisé ?
Le principe de déplacement des chevaux est simple mais subtil. En effet il existe moins de pistes que de participants. Les blocages et les bouchons sur la piste seront autant de contraintes qui demandent de l'anticipation et une certaine tactique. Des règles très strictes dictent le mouvement des chevaux (dépassement, blocage, changement de piste...). Certes l'unique dé à 6 faces décide de l'avancement des chevaux mais les joueurs peuvent choisir un « favori » parmi leur chevaux en début de course. Le hasard est tempéré par le fait qu'il peuvent ainsi choisir le moment où ils vont affecter le résultat du dé à leur élu en réservant bien sur les mauvais tirages aux autres.
Des cases événements parsèment le parcours sans toutefois plomber dans l'ensemble les tactiques mises en œuvre. Toutefois certaines cases se révèlent particulièrement pénalisantes et même éliminatoires.
Le matériel pour l'époque était de très bonne facture : immense plateau réversible, chevaux à bascule, cartes, multitude de bouts de cartons (avantages , ticket bookmaker...). Tout cela était présenté dans une énorme boîte de couleur noire qui pèse son poids.
Ascot faisait à son époque honneur aux jeux de société. Certains jeux de course contemporains ne lui arrivent pas à la cheville.
On pourra évidemment être déçu par la part importante de hasard dans le résultat mais l'ambiance autour de la piste est bien rendue. Le déroulement de la course reste étonnamment fluide et on se prend à encourager son canasson. Même si des chevaux partent favoris et disposent d'avantages conséquents (rapports, bons couleurs et cases couleurs plus favorables) rien n'est jamais acquis. Une surprise est toujours possible avant la ligne d'arrivée.
Les règles de déplacement draconiennes sur la piste peuvent se révéler cruelles. Bien plus tard, Ave Cesar, Formule 1 ou encore plus récemment Formule Dé s'inspireront de ce jeu.
Le principal handicap reste la longueur des parties qui ne sont pas pour autant rébarbatives ou lassantes. La note bien qu'indulgente reflète la qualité réelle d'un jeu précurseur qui possède encore des atouts pour séduire...