Pour qui avait joué à V-Sabotage, la réussite de cet Assassin’s Creed: Brotherhood of Venice n’est pas réellement une surprise, tant le titre précédent de Triton Noir impressionnait déjà par son intégration habile de mécaniques d’infiltration et d’assassinat. Mais l’éditeur aurait pu céder aux sirènes du faste en en faisant trop, comme l’adoption d’une licence très connue, le succès tonitruant du Kickstarter et la présence de multiples figurines pouvaient le laisser craindre. Au contraire, Brotherhood of Venice sait rester remarquablement modeste en adoptant un set de mécaniques complet mais progressif et élégant, tout à fait accessible à un public initié (au début, le jeu est plus simple qu’un Zombicide, et devient un peu plus complexe avec la gestion de la campagne), étonnamment intuitif (on revient à peine au livret de règles après les tutoriels, et davantage pour découvrir les nouveaux éléments que parce qu’on aurait oublié les anciens), et ne faisant même pas subir la mise en place et les longues parties auxquelles on s’attendrait presque logiquement.
Et le travail d’adaptation est impressionnant, déjà par la qualité matérielle des figurines, illustrations et autres éléments composant Brotherhood of Venice, dont on voit d’emblée que loin d’en faire un produit dérivé, ils en arrivent à rendre service à la licence, une dimension qui sera considérablement approfondie avec l’extension Apocalypse, qui transportera cette fois les assassins dans le cadre totalement inédit du Cambodge et promettra donc assurément davantage de surprises, par exemple sur le plan scénaristique. Et mécaniquement, Assassin’s Creed est loin d’être résumé à l’infiltration et aux assassinats, tout à fait réussis, mais parvient à intégrer sans lourdeur les cachettes, la synchronisation, la lame, les bottes de foin, le statut recherché ou incognito, la dissimulation des cadavres et même l’apparition d’Ezio himself, dans ce qui n’est pas juste une réappropriation de l’univers d’Assassin’s Creed II, mais une extension à part entière de cet univers, impressionnant pour celleux qui l’apprécient, et clairement assez solide pour satisfaire même les ludistes relativement indifférents aux combats entre assassins et templiers.
(ce texte n'est que la conclusion de l'article paru sur VonGuru, assorti d'une interview de l'auteur et éditeur Thibaud de la Touanne : )