Battlestar Galactica… avant d'être un jeu, c'était pour moi une série de SF de la fin des années 70, certes sympa (il y avait Dirk Benedict, le futur "Futé" de l'Agence tout risque, c'est dire) et qui surfait sur le succès de Star Wars, mais qui manquait singulièrement de profondeur et de nuance (les gentils étaient gentils et les méchants... vraiment méchants). Aujourd'hui, elle fait terriblement kitch. Depuis, il y a eu le remake de la série dans les années 2000, avec notamment le flic amateur d’origami de "Blade-runner" et la petite copine faussement amérindienne de Kevin Costner dans "Danse avec les loups". Pour l'anecdote encore, l'acteur qui jouait le rôle d'Apollo dans la première version joue le rôle de Zarek dans la seconde. La version années 2000 est bien mieux pensée que la première, avec un propos et des personnages plus complexes, sans manichéisme. Bon, il y a bien quelques trucs un peu capilotractés, mais j'ai apprécié que dans certaines scènes, les réalisateurs tiennent compte du vide de l'espace. Ainsi, quand les vaisseaux explosent, ça fait pas de bruit.
Toutefois, lorsque j’ai découvert pour la première fois l'élégante boîte de BSG (appelons le ainsi), j’ai eu une hésitation. En effet, je trouve que les jeux à thème SF passent parfois un peu à coté de leur sujet. Et puis autant je sais depuis mes premières lectures me projeter dans un univers de science-fiction, autant en jeu, j'ai curieusement toujours eu un peu de mal... difficulté que je n'ai pourtant pas pour d'autres univers fruits de l'imaginaire, comme le med-fan par exemple (merci le JdR).
Pour ma première partie, je n’avais pas encore vu la nouvelle série, mais cela n’avait aucune importance, tant le jeu, et c’est bien là sa première qualité, vous emporte rapidement dans cette course éperdue vers Kobol. Le thème s'impose rapidement à vous et la situation est facile à comprendre : Suite à une soudaine et violente attaque, les humains, en grande difficulté, tentent d’échapper aux cylons (surnommés "toasters" dans la VO), des créatures cybernétiques qu'ils ont créés, mais dont ils ont perdu le contrôle. Une fuite éperdue dans les derniers vaisseaux qui transportent ce qui reste de la race humaine, des personnages dont on parvient rapidement à en saisir les rôles et les subtilités, une efficace mécanique de jeux, des ennemis impitoyables, et surtout…un ou plusieurs "traitres" (sous-entendu : aux humains), voilà ce que vous propose chaque partie de BSG, et croyez moi où non, vous allez stresser et transpirer, mais surtout passer un très bon moment ludique.
BSG propose, sans trop de complications inhérentes aux simulations trop poussées, de vivre une véritable aventure. Mais en quoi cela consiste au fait ? Alors sans rentrer dans les détails du jeu, vous incarnez un personnage de la série et on a deux équipes qui s’affrontent, sans connaître à l’avance leur composition, car il y aura des humains d'un coté et des cylons de l'autre. Cerise sur le gâteau, vous pouvez être humain au début de la partie…et cylon par la suite selon certaines circonstances et la réception d'une carte particulière (Vous étiez en fait un agent-dormant !). Le terme de suspicion vient souvent à l’esprit pour qualifier l’atmosphère générale du jeu et c'est vrai que tout le monde finit par soupçonner tout le monde ! Mais je vous rassure, tout cela se transforme en bonnes rigolades pendant les parties car on s’amuse bien à pointer les autres du doigt et de dire par exemple "Hoooou ! Lui, il s’est pas dépêché à jouer ses cartes" ou bien "Ouai ! Pour la crise d’avant, il a pas mis de carte verte alors qu’il en a !"…surtout quand on est cylon soit même ! D’ailleurs, le jeu montre de grandes subtilités, genre "Dois-je révéler maintenant que je suis un cylon ?", "Ah ? Puis-je jouer sur ce coup une carte génante pour les humains sans me faire repérer ?", ou "Mince ! Comment optimiser ma main de cartes pour aider au mieux le Galactica et repérer les individus douteux?"
Intrigues (les baratineurs sont un peu avantagés), rôles cachés, embrouilles, coups de théâtre, combats (contre les vaisseaux cylons où les terribles centurions quand ils pénètrent dans le vaisseau-amiral), et un peu de gestion, le tout dans la bonne humeur, BSG a représenté une amélioration conséquente en terme de gameplay par rapport à un jeu comme "Les Chevaliers de la Table ronde" auquel il fut comparé à sa sortie. Les règles sont relativement claires, mais il y a eu quelques interrogations sur le jeu de la carte sympathisant par exemple ou sur les actions des joueurs en prisons. Il faut savoir aussi qu’il y a une part de hasard plus ou moins importante dans le tirage de certaines cartes et il y a des jets de dés pour les combats, mais encore une fois, BSG, c'est une aventure, on peut pas tout contrôler. Le talentueux Corey Konieczka a conçu un jeu qui reprend vraiment bien l'esprit de la série, les aspects de la première saison et même la psychologie des personnages pour retranscrire leurs capacités respectives. C'est vraiment bien vu. J'aime bien jouer l'Amiral Adama, Balthar, le colonel Tigh ou encore la Présidente. Je trouve les pilotes ou le Chef Tyrol un peu moins intéressants à jouer.
Des extensions sont venues enrichir un jeu déjà solide. Elles sont inspirées des saisons suivantes avec notamment l'arrivée du Pegasus et d'autres problématiques liés à des personnages cylons. J'ai pas eu souvent l'occasion de jouer avec ses extensions, le jeu de base est déjà très bien, mais quand on est fan, forcément, on a envie de toujours plus.
N'oubliez pas : "Cylon un jour, Cylon toujours"... Une petite formule qui vous aidera peut-être à retenir quelques règles.