Bios : Genesis est le premier jeu de la trilogie Bios et sans doute le plus extrême… Il propose des mécanismes très originaux, mais est aussi le plus chaotique. Chaotique n’induit pas ici quelque chose de négatif, mais plutôt une philosophie de jeu. Dans Genesis, on part de la soupe primordiale, en espérant si l’on manœuvre bien et que le jeu n’est pas trop cruel avec nos organismes atteindre le stade de macro-organisme terrestre (par exemple un ver de terre). Mais comme dans la réalité, le chemin est tortueux et pour un organisme qui réussit, il y a tant d’autres qui s’éteignent. Les êtres vivants de ces premiers âges sont fragiles soumis aux caprices de l’environnement. Il y a parfois de l’injustice, en tout cas beaucoup d’aléatoire dans tout cela. Pour traduire ces éléments, Eklund a choisi de faire appel à des lancers de dés. Ici, on en lance tellement que l’on pourrait se croire dans un Ameritrash… mais au contraire, on est dans un vrai jeu de simulation. La thématique (la naissance de la vie) est très poussée ; c’est là le coté génial du jeu et ce qui peut aussi le rendre insupportable pour de nombreux joueurs. Vous aimez tout contrôler, la victoire est pour vous la seule façon de s’amuser ? Alors éviter Genesis (et tous les Bios en faite). Ici, le hasard atteint son paroxysme dans la trilogie Bios.
Mais si on trouve que l’on peut s’amuser en perdant pour peu que l’on ait livrer une belle bataille, si l’on accepte de tout perdre ce que l’on avait patiemment construits, si l’on accorde plus d’importance aux petits succès qu’aux échecs catastrophique alors on peut trouver bien du plaisir dans ce Bios : Genesis. Le thème est original, diablement bien rendu, le jeu propose de vrais choix et de vraies orientations, il mixe d’une façon bien à lui compétition et coopération. Les interactions entre joueurs sont très originales ; on peut partager des organismes, en parasiter certains. On s’aide tout en étant en compétition (tant pour la survie, la chaine alimentaire, mais en tant que joueurs). Les mécaniques de jeu sont très originales directement inspirées par son thème ; elles fonctionnent, je trouve, très bien.
Les règles sont écrites d’une façon assez particulière, déroutante de prime-abord. Mais, on s’y retrouve finalement et c’est bourré d’éléments, expliquant les vrais évènements et éléments que le jeu simule. Une vraie mine ces règles… Les règles sont en VO, mais on en trouve de bonnes synthèses en VF, et d’excellentes vidéos de Chaps et Jean-Michel Grosjeu sur Youtube qui vous expliqueront le jeu en détails. Les règles peuvent paraitre complexe de prime abord, mais après une ou deux parties tout coulera de source, car tout se justifie par le thème.
Evidemment, on pourra trouver le jeu un peu long (1h30, voire 2h à 4), pour un jeu où tout basculer sur un mauvais jet de dés, que l’on manque de contrôle, mais pour peu que l’on apprécie l’univers dans lequel nous plonge le jeu et qu’on accepte la fatalité parfois, Bios : Genesis est un jeu et une expérience qui méritent que l’on s’y arrête. Personnellement, et c’est peut être mon coté Chercheur, mais je trouve les jeux d’Eklund passionnant… pas fait pour tout le monde, mais réellement passionnant. En termes de jeu, je préfère Megafauna, mais en tant qu’expérience marquante, Genesis a de quoi se défendre.
A noter que l’on peut jouer une sorte de campagne en commençant par Bios Genesis V2, puis en enchainant sur Megafauna V2 puis Origin V2 et finalement HighFrontier 4 all (à venir). On va ainsi depuis la soupe primordiale (Genesis) jusqu’à la conquête des autres planète (High Frontier)…
Pour finir, le matériel est très bien. Il y a exactement ce qu’il faut et cela dans une petite boite. Comme quoi, il est possible de faire un « gros » jeu, avec du matériel agréable dans une toute petite boite.