Black Orchestra ne plaira pas à tout le monde, ça c'est sûr. De part son thème clivant et ses choix graphiques (un peu trop de croix gammées et d'insignes SS à mon goût, mais graphiquement je trouve le jeu très réussi).
Tuer Hitler semble à priori plutôt consensuel, mais nous sommes dans l'Allemagne nazie et jouons des dignitaires du régime, certes retournés, mais qui ne sont pas tout très recommandables (l'historique le rappelle fort à propos). Aussi, on peut par exemple se rendre à Treblinka ou Auschwitz et les évènements de persécution des juifs sont au final des évènements positifs car ils augmentent la motivation des conspirateurs. Bref, un jeu à réserver aux joueurs sachant faire la part des choses. Et chacun ses limites et tabous.
Comment ça joue sinon ? On doit parcourir les quatre coins du reich à la recherche d'éléments permettant de réaliser des complots, le tout sans se faire suspecter, car en cas de malheur, c'est la taule direct et c'est une vraie plaie pour tout le monde. Le mécanisme de prison est original et vraiment bien vu et à 100% dans le thème: à chaque tour, le comploteur incarcéré pioche une carte qui lui demande de faire, seul et en secret, des choix pénibles pour ses alliés.
Les complots sont difficiles à mettre en oeuvre et leur résolution est aléatoire. C'est donc un jeu où la chance compte, mais c'est avant tout un jeu de gestion des risques et d'opportunisme. Les fenêtres de tir òù les éléments d'un complot s'alignent (motivation, suspicion, protection du moustachu et disponibilité des éléments de complot) sont très courtes, il faut savoir saisir sa chance ! Ça peut être frustrant d'avoir récupéré dans la douleur des explosifs, avoir le complot qu'il faut, se rapprocher subrepticement d'Hitler et de devoir se débarrasser de tout car un raid de la Gestapo nous force à se débarrasser des preuves !
C'est difficile mais c'est fluide. Les tours sont rapides et les évènements font que deux parties ne se ressemblent pas. Le jeu est vraiment immersif, de part les évènements historiques et le déroulé qui nous met vraiment dans la peau d'un conspirateur. Tout ça mérite une bande son d'époque de type jazz Allemand des années 20. Je recommande également de jouer roleplay quand c'est possible.
Des regrets ? Oui, qu'on garde son personnage sur toute la durée du jeu, 1936 à 1945. Impossible d'être éliminé, on ressort de prison un jour ou l'autre ou alors tout le monde perd. J'aurais apprécié qu'on doive changer de personnage lorsqu'il est trop compromis, ça serait plus dans la thématique. Le jeu peut être aussi un peu long à mon goût si on n'a pas gagné ou perdu avant la fin des paquets de carte. Les 90mn sont alors explosées.