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Château Aventure est cohérent avec la politique de démocratisation du jeu de société voulue par iello, qui tient à proposer des productions pour tous les âges en réponse à la vague de jeux complexes qui inonde le marché depuis quelques années, et pour cette raison il n’est pas fait pour les rôlistes exclusifs. Vous ne proposerez sans doute pas à des amis un tant soit peu aguerris dans les jeux de société une « soirée Château aventure ». Le jeu leur paraîtra vite trop dirigiste par rapport à des jeux narratifs plus complets, trop limité dans ses interactions, trop enfantin. Cependant, c’est un jeu parfait pour commencer une soirée en douceur, ou mieux, pour faire une pause entre un jeu physiquement intense et un jeu de plateau complexe. L’absence de tout autre matériel que du descriptif de l’aventure pour le seul maître du jeu (dont il peut même se priver s’il estime en maîtriser le contenu) peut d’ailleurs en faire une expérience très appréciable pendant un trajet en voiture, pendant un apéritif… Il ne faut enfin pas vous laisser tromper par la restriction « 10 ans et + », les premières aventures sont tout à fait adaptées à un public un peu plus jeune à condition que le maître du jeu soit lui un peu plus âgé (j’imagine mal des joueurs ayant tous douze ans par exemple, alors qu’un Maître du Jeu adulte pourra très bien amuser des enfants de huit ans à condition d’être un peu souple).
Château Aventure n’est pas tant un jeu scénarisé qu’un jeu d’ambiance : si vous n’avez aucun intérêt pour l’univers dans lequel se déroule l’histoire, et n’appréciez pas la personnalité des joueurs qui vous accompagnent, mieux vaut passer votre chemin. Au contraire, des enfants, des amis bienveillants et extravertis, acceptant avec sourire les limites des règles et riant de leurs nombreuses morts, vous feront passer une parfaite petite demi-heure, et vous inspireront à n’en pas douter l’envie d’écrire vos propres scénarios pour prolonger le plaisir, à la manière des dramaturges et librettistes écrivant leurs pièces en ayant à l’esprit les interprètes qui pourraient en révéler le meilleur. Et heureusement, iello propose des univers assez variés et délirants (de la chevalerie à Harry Potter, de My Little Pony à l’asile, de Monkey Island à l’espace…) pour séduire chacun, et pour nous convaincre de créer et développer notre propre vision de ce que les mondes de Château Aventure pourraient proposer. En cela, il s’agit pratiquement plus d’un formidable bac à sable que d’un jeu à part entière ! Et je dis bien « pratiquement » parce que, tout de même, aux mains d’un bon maître du jeu, on s’amusera beaucoup des touches d’humour et des micro-mondes de Château Aventure.
Enfin, Château Aventure semble taillé pour une suite. On sent ce premier opus contraint par son positionnement délicat entre jeu de rôle, accessibilité et ludicité, les derniers scénarios cherchant au contraire à proposer des expériences légèrement différentes, l’un avec des compagnons, d’autres avec des énigmes plus ou moins retorses… À la manière d’Unlock!, Château Aventure songe peut-être à un déploiement vers des mécaniques de jeu plus ludiques (voire avec un support matériel ?) si les scénarios en ce sens obtiennent la satisfaction du public, comme ils ont gagné celle des personnes ayant joué avec moi.