Cyrano est un jeu vous proposant de prendre la plume pour les beaux yeux d'une belle vous réclamant la lune. En haut de sa tour, elle vous attend, et au son de vos rimes, elle accourt, elle descend, et vous, visez la cime.
Si la règle est très simple et les parties rapides, du haut de cette tour n'y-a-t-il que du vide ou cette création atteint-elle l'Olympe ?
Essayons donc de voir ensemble à quoi ce jeu ressemble et si l'objectif est atteint, à savoir : y jouer avec entrain.
La boîte de jeu, pour commencer, semble avoir trouvé un format idéal : à l'intérieur, rien de compressé, pas de vide intersidéral.
Le quatrième de couverture montre le matériel utilisé et les langues auxquelles ce dernier permet de jouer sans fioriture. On pourrait même rester perplexe face à une telle réalisation vu que chaque carte comprend du texte et sert chacun des quatre jargons.
On imbrique d'ailleurs ces dernières dans ce qu'on appelle une " tour à cartes ". Grâce à elle tout devient très clair : elle impose thème et fins de phrases.
L'illustration qui la décore et les cartes de chaque joueur avec le thème sont en accord : pour le moment, c'est le bonheur.
Il y a bon nombre de feuilles de score, permettant aussi d'écrire ses poèmes et on peut dire une fois encore qu'elles appuient astucieusement le thème.
Pour y poser votre écriture, à côté des socles dans la boîte, des crayons aussi figurent. Rien de tout ça n'est disparate.
Manque juste ce petit truc en plus et quelques petits rangements. Et s'il n'y a pas de paravent, la règle, elle, est bien incluse.
Sans transition, on continue pour parler du livret de règle. Une fois celui-ci lu, on devine nul besoin de stratège.
Tout y est bien expliqué et décrit, même synthétisé dans une colonne permettant au moindre soucis de retrouver quelle réponse est la bonne.
Les exemples sont légions et racontent la trame de l'histoire que d'intelligentes illustrations à chaque page accompagnent.
On sent même qu'on nous pousse à être assez flexibles pour qu'on s'amuse tous et qu'on ne rate la cible.
Au niveau théorique c'est un sans fautes, jusque dans les rappels sur le matos. Voici donc forcément une très bonne note. On bosse bien chez Repos : un sacré paradoxe.
Et dans la pratique me direz-vous ? c'est un jeu expliqué en deux minutes.
On pioche trois cartes et c'est tout. On les met dans la tour et les exécute.
La première vous donne un thème. Les deux autres imposent les rimes à faire.
Mais nul besoin de dictionnaire pour écrire vos poèmes. S'ils partent dans le scabreux, l'approximatif ou le n'importe quoi, figurez-vous que c'est tant mieux : au moins, on rira.
Pour marquer des points et faire monter Cyrano, on contrôle que nul autre n'ait utilisé les mots que vous avez choisi pour chacune de vos rimes, ce qui force le cerveau à faire un peu de gym.
Si vous réussissez votre coup, c'est de quatre échelons que vous monterez donc.
Voilà, c'est presque tout. Vous voyez, ce n'est pas vraiment long.
Vient ensuite un système de votes où vous pariez pour le poème qui plaira le plus. Vous pouvez tout autant miser sur le votre que sur celui du voisin ou de tout autre gusse.
Si vous n'êtes pas seul à avoir choisi ce poème, la demoiselle descendra quelques marches d'escalier. Et vous vous doutez bien que ces derniers vous mènent à la rencontre de notre preux chevalier...
Le premier qui réussi à faire se rencontrer les amoureux remporte la partie. Généralement c'est en 5 ou 6 tours de jeux que le couple s'unit.
Simple, efficace et à la portée de toute la famille, cette règle est sensas tel un joyau qui brille.
On s'amusera beaucoup avec ce jeu et selon le temps, l'humeur et bien entendu les joueurs présents, les parties changeront, du romantique au joyeux gai-lurons.
Pour nous donner un vaste angle d'attaque, les thèmes sont assez bateaux et on pourrait craindre qu'après trois ou quatre parties reviennent toujours les mêmes mots.
Mais c'est un peu comme pour Dixit : un jeu fermé, des cartes fixes et pourtant une infinité de possibilités.
Allez savoir : on pourrait proposer d'autres sujets, mais il faudrait sortir de nos tiroirs de nouvelles rimes pour jouer.
De plus, le jeu se porte facilement aux variantes et si vous avez l'imagination débordante, vous pouvez décider de choisir le thème à tour de rôle ou en piochant : la finalité est la même.
Ce jeu devrait être bien rentabilisé, ne vous inquiétez pas. Et faites quand même essayer tous ceux qui n'y crois pas et qui pensent qu'il est trop difficile de réaliser des vers en un temps imparti: ils pourraient être vers...atiles et avant vous avoir chaque fois fini.
AVIS FINAL.
Vous l'aurez compris : je ne peux que conseiller ce jeu qui a l'avantage d'être vite expliqué, quasi infatigable et qui changera à chaque partie de par les joueurs, le temps et tout ce qui fait qu'une journée n'est jamais la même. Et si vous pensez qu'il est trop difficile de faire des rimes imposées, relisez donc cette critique, car, mis à part cet avis final, tout ce qui est écrit y est fait selon les contraintes exigées par la règle du jeu, et avec mon petit français, je n'ai eu aucune gène pour vous dire exactement ce que j'en pensais. Les rimes ne nous limitent pas : elles nous obligent juste un petit exercice cérébral, plus ludique qu'autre chose. Cyrano a bien décroché la lune, et pour les illustrations, merci à l'ami Piero...