Avant de développer les arguments extrêmement pertinents susceptibles de ponctuer cet avis et afin de désamorcer tout début d'embryon de polémique, il me semble important de préciser un fait essentiel : le jury de l'As d'Or - Jeu de l'Année a parfaitement le droit de se droguer.
Après tout, cette activité récréative fait également partie de l'ambiance cannoise.
Cependant, dans un souci de cohérence de la démarche de promotion du jeu auprès du grand public, il peut s'avérer légitime de conseiller aux membres du jury de réduire la consommation de ce type de substances au moment de l'élaboration de la liste des jeux sélectionnés.
non mais c'est vrai quoi enfin merde.
je ne suis pas spécialement d'une nature propice à m'indigner pour un oui pour un non, bien au contraire, d'ailleurs ne comptez pas trop sur moi pour faire la révolution, c'est beaucoup trop fatiguant.
mais s'il y a bien une raison pour laquelle je serais prêt à descendre dans la rue et à brûler des bagnoles, c'est pour protester rétrospectivement contre l'absence de Dice Town dans la liste de l'As d'Or 2010, bordel.
et heureusement pour la Croisette qu'à l'époque ma connaissance du jeu se limitait à Time's Up et Citadelles, sinon je serais venu foutre un de ces bronx...
Parce qu'il faut vraiment avoir de la merde dans les yeux pour ne pas considérer Dice Town comme le meilleur jeu "casualo-familialo-détendu-du-slip-convivialo-fun" de ces douze derniers siècles.
D'ailleurs, si je savais me servir de Facebook, j'irai de suite créer un groupe pour militer en faveur de l'attribution a posteriori du titre d'As d'Or - Jeu de l'Année 2010 voire au-delà.
C'est bien simple, Dice Town est l'arme absolue pour initier le grand public aux jeux de société de la modernité actuelle et contemporaine à base de poilades. Toutes celles et ceux à qui je l'ai présenté me le réclament systématiquement lors des soirées jeux, et le citent en référence lorsque je leur fait découvrir un nouveau jeu que ça en devient presque pénible ("ouais, c'est sympa, mais bon je préfère Dice Town, tu sors les gobelets ?").
Très honnêtement, c'est une valeur tellement sûre, un carton tellement systématique garanti et assuré, que je finis par me dire que ce jeu a le potentiel pour aller péter la gueule aux vieilleries qui se vendent par camions dans les Toy'r'Récr'wic et les Grande'Pic'Us.
Dans ce registre, il a tout pour lui : le jeu en simultané avec des dés qui font du bruit dans un gobelet, des règles limpides expliquées en moins de temps que Vertigo des Libertines, de la tension, du stress, un peu de cul bordé de guacamole et la possibilité de fixer son adversaire droit dans les yeux en lui disant : "tu sais vieux... tu as 3 dames... c'est vrai... mais, tu vois... moi aussi j'ai trois dames... alors, vois-tu, dans ce genre de situation... il est d'usage de demander au shérif de trancher... et justement, tu vas rire, le shérif, ce tour ci... c'est moi... alors les dames, c'est moi qui les gagne... et tu sais quoi ? les cartes, je vais les prendre chez toi.... et je vais garder celle qui permet de prendre quatre dollars à un adversaire... et tu sais quoi ? les quatre dollars, ben je vais te les prendre aussi..."
Voyez-vous, avant Dice Town, il m'arrivait de jouer comme un fumier et de faire des coups de putes au cours d'une partie, et j'en avais un peu honte.
Et c'est sans doute sur ce point que réside sa principale qualité : Dice Town déshinibe notre côté chacal, pour faire de nous des truands décomplexés.
Aujourd'hui, avec Dice Town, il m'arrive de jouer comme un fumier et de faire des coups de putes au cours d'une partie, et j'en suis fier.
D'ailleurs, pour en revenir au titre de cet avis, s'entendre qualifié de "fumier" en jouant à Dice Town est plutôt flatteur...
... et je dois l'admettre en baissant modestement les yeux :
mes amis me flattent vraiment très souvent.
Il est temps à présent de procéder au résumé des points-clés de cet avis :
- un embryon,
- un bronx,
- un slip,
- un camion,
- du guacamole
- un chacal