Un monstre sacré. LE jeu de négociations par excellence. Diplo fête ses 60 ans cette année, et le jeu n'a pas pris une ride.
Des règles - relativement - simples, mais qui peuvent créer des situations complexes à gérer - il faudra quelques parties pour les assimiler correctement, (surtout au niveau des soutiens), avec UNE idée de génie toute bête : le dévoilement des ordres donnés aux armées ainsi que leurs activations sont simultanés : la victoire ou la défaite d'une armée se fait au ratio, soutiens compris (dans certaines situations, c'est du pile ou face - c'est là qu'entre en compte le "guessing", ce que les joueurs de Diplo appellent les "devinettes"...terme impropre, mais bon , y'a pas vraiment mieux non plus...).
Première conséquence : cela génère un stress important qui pourra être difficile à supporter par certaines personnes. A titre personnel, je n'ai jamais vu (et joué) une partie de Diplo cool...parce qu'il faut bien avouer que l'ambiance autour de la table est plutôt fraîche...du coup.
Deuxième conséquence, et qui fait tout le cœur du jeu : il faudra réussir à déterminer à qui faire confiance et jusqu'à quand. Parce qu'on ne peut pas gagner seul, il faudra de toute façon s'allier...et trahir. Avec l'idée suivante : tout se négocie. Même la reprise des négociations...
Ceci dit, il faut absolument que les négociations se limitent STRICTEMENT au jeu. Et ce n'est pas si simple : l'orgueil, l'amour-propre, le sentiment de vengeance peuvent entraîner des "débordements", ou certains seraient tentés de faire pression sur un joueur (ou une joueuse) à partir d'éléments hors-cadre\*\*...c'est très évidemment à proscrire avec la plus grande fermeté, sans quoi on peut assister à des engueulades homériques, voire à des ruptures de contact dans la vraie vie...le jeu est suffisamment générateur de tension pour éviter cela...bien que certains joueurs estiment que cela fait partie du jeu, ce n'est pas ma came...
Alors disons-le tout net : Diplo. ne conviendra pas à tout le monde, loin s'en faut. Ce n'est qu'un jeu (et encore, pas si sûr), mais il vaut mieux prévenir que guérir.
Enfin, c'est un jeu asymétrique. Certaines nations, du fait de leur position géographique respective, sont plus difficiles à jouer que d'autres, surtout au début...l'Italie par exemple, c'est du sport...Mais les résultats s'affinent au fil des parties. Un bon joueur tirera toujours son épingle du jeu.
Globalement, 3 types de joueurs. Les tacticiens (vision à court terme, jeu combinatoire) les stratèges (vision à moyen terme, capacité à jouer des gambits qui peuvent se révéler judicieux et emmerdants), et les diplomates. Ces derniers sont évidemment les plus dangereux. Ils peuvent tour à tour se montrer menaçants, ouverts, fermés, gentils, grouillots, obséquieux...de vrais caméléons. Joueurs extrêmement fins, très difficiles à berner (dans le genre Steve Doubleday), les mémoires de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord et d'Armand-Jean du Plessis, cardinal de Richelieu, sont leurs livres de chevet. On ne peut très évidemment pas leur accorder une once de confiance, mais comme on ne peut pas gagner seul...
Et n'oubliez pas : en face à face, chaque mot doit être soupesé, le ton adopté doit l'être tout autant, il faut être très attentif au langage non-verbal, bref, tout de notre attitude est important et doit faire en sorte d'inspirer confiance...où l'inverse selon la situation qui se présente. En ne perdant pas de vue qu'un détail aussi infime soit-il peut trahir nos intentions...un simple regard furtif peut nous perdre.
Talleyrand : "On a qu'une parole, et c'est la raison pour laquelle il faut la reprendre".
\* Cela fait plusieurs années que je pratique cette merveille, et je n'ai toujours pas de réponse à cette satanée question : finalement, est-ce que Diplo. n'est qu'un jeu ?
\*\* A ne pas confondre avec le méta-game...