... me fait craquer.
C'est avec retard que je me suis vraiment penché sur l'oeuvre du regretté Sir Terry Pratchett, en fait au moment de l'arrivée sur les étals ludiques de Ankh Morpork puis des Sorcières du Disque-Monde. Certes, l'univers du Disque-Monde ne m'était pas complètement inconnu car j'avais déjà lu quelques commentaires dithyrambiques sur les écrits de cet excentrique écrivain anglais (pléonasme ?) ; Pourtant, l'amateur d'humour so british que je suis n'avait jamais fait l'effort de plonger dans Les Annales du Disque-Monde. Je me suis un peu rattrapé depuis et les (mes-)aventures de Rincevent notamment (personnage qui a peut-être inspiré A. Astier pour son Merlin dans Kaamelott) sont devenues pour moi des moments délicieux. Mais là n'est pas sujet.
Tout d'abord, je me permettrais de faire une petite observation. En parcourant les différents avis que l'on peut lire ici, j'ai l'impression que certains se sont laissés aveugler par le nom de l'auteur du jeu. Martin Wallace est connu pour Age of Steam, Struggle of Empire, Byzantium, Brass, Naissance et apogée des empires et autres opus costauds. Alors évidemment, quand on découvre les règles de ce jeu consacré aux activités quotidiennes des sorcières de Lancre, on peut être un peu surpris. Cela dit, c'est pas si léger que cela : Sur les 12 pages du livret qui est au format A4, six pages concernent quand même les mécanismes, et croyez-moi, croyez-moi pas, j'ai vu des gens se planter de règle sur la résolution des problèmes ou pour l'attribution des jetons de ricanage. La fin de partie, même en compétitif (on peut y jouer en coopératif et aussi en solitaire), peut se terminer par la défaite des joueurs... oui, les Elfes sont potentiellement pénibles pour les sorcières incarnées par les joueurs.
Après, question fidélité à l'oeuvre, c'est à chacun de voir. Ce que je retiens surtout, ce sont les illustrations des cartes, belles et stylisées, comme celles du plateau... comme quoi Peter Dennis, associé avec un autre illustrateur, peut faire autre chose que la grande tache verte de Tinners'trail ou la radiographie de poumons malades pour Last train to Wesleydale.
A propos du plateau justement, en l'observant de près, on peut noter des choses assez curieuses. Par exemple, pour les noms des lieux, certains semblent consacrés à un endroit précis de l'anatomie : "Là-où-le-soleil-ne-brille-jamais", "Le Cul-de-sac", "Trou d'Ucques" et si j'osais, je rajouterais "Glisse-en-creux". De même, j'ai vu une fois quelqu'un loucher un peu sur le lieu appelé "L'homme en long". En effet, on peut voir un long rocher en forme de cigare et, répartis de chaque coté de l'une de ses extrémités, deux petits rochers ronds ; si vous avez du mal à visualiser et bien prenez une banane, deux clémentines... et voilà quoi.
A mon avis, la mention "13 ans +", ça vient de là.
Pour le reste, c'est vrai, Les sorcières du Disque-Monde est une sorte de card-driven peu complexe à la portée de nombreux joueurs, jeunes et/ou occasionnels. On a donc des cartes à plusieurs usages (mais comme souvent il faut en choisir un seul), avec déplacements de sorcières et résolutions de problèmes à coups de dés ; A noter que les problèmes en questions vont du cochon malade à la lutte contre des vampires... et oui, c'est ça aussi le Disque-Monde. Alors il y a quand même quelques aspects à bien gérer, comme l'utilisation des cartes à bon escient, la surveillance des jetons "ricanage" et savoir prendre des risques, mais dans l'ensemble, c'est un jeu plutôt familial "plus" ; D'ailleurs je l'ai proposé pour la première fois à ma fille alors quelle venait d'avoir 9 ans je crois.
Les sorcières du Disque-Monde est un jeu qui me donne le sourire à chaque fois que j'entame une partie. J'attends mon tour avec impatience, j'aime bien prendre des risques, essayer de combiner quelques cartes, lancer (et pester) contre les dés quand je vois un visage de sorcière apparaître sur une des faces, prendre le thé avec d'autres sorcières, ... je m'amuse quoi. Et puis je remarque toujours un petit détail sur le plateau ou une carte qui m'avait échappé jusque là... Bref, nous n'avons pas là une "grande" création du Maestro en terme de mécanismes ou de défis intellectuels lancés aux joueurs, mais elle atteint son objectif : faire jouer dans une petite partie de l'univers foutrac, unique, profond et attachant, imaginé par un écrivain de "fantasy" génial.