Dunaïa est un jeu de gestion peu évident à décrire. Les règles sont plutôt accessibles (moins d’une dizaine de minutes) mais la réflexion qu’il amène est assez complexe. Il mélange plusieurs mécaniques de fort belle manière : du draft de dé, du placement de personnages (en fonction du dé choisi), de la programmation, de la course aux objectifs et un petit aspect combinatoire.
Le draft de dé est l’élément de base puisque c’est en fonction de lui que le reste sera décidé. Tu devras choisir parmi les dés blancs s’il y en a, ou le dé de ta couleur. Cela définira les deux tuiles qui s’activerons sur ton plateau. La gestion des dés est une belle trouvaille puisqu’à chaque lancer de dés, tu sauras quelle est la valeur du dé de ta couleur et pourra anticiper quoi faire sur ton tour précédent celui où toi seul pourra le prendre.
Il va falloir trouver comment utiliser le mieux possible les dés à ta disposition et comment gérer le placement de chacun des bâtiments acheté pour en maximiser les effets. Les bâtiments de niveau 2 et 3 joueront justement avec les autres bâtiments juxtaposés pour apporter plus de pouvoir ou de précieux points de victoire en fin de partie. Il faudra en plus de ça positionner judicieusement les Dunaïas afin d’activer les bâtiments de notre choix construit ou au contraire d’accélérer la construction de certains. Beaucoup de choix et dilemme très intéressant dans un jeu qui ne nous bloque jamais. Entre les différents pouvoirs des anciens activable en défichant ses puces, et les zones de recyclage du plateau ou des bâtiments de niveau 1 de tous les joueurs, les choix ne manquent pas et les cerveaux peuvent vite fumer ! Le système des puces qui permet de comboter avec les pouvoirs des anciens est d’ailleurs super plaisant à jouer.
Dans les petites déceptions, le thème autour des Dunaïas paraissait très prometteur, mais disparait assez vite une fois le jeu en main, malgré un vrai effort éditorial autour de l’histoire (notamment sur le facebook de Blam!) appréciable. Ça n’est pas problématique, mais les mécaniques prennent vite le dessus. Côté illustration, la boite est absolument sublime avec un univers nous rappelant le jeu vidéo Horizon Zero Down dans la forêt avec cette composante de vert très marquée. Le visuel du reste du matériel divise un peu plus ici. Kylian adore et trouve le tout super joli, j’ai personnellement un peu plus de mal sur l’ensemble. Les plateaux et bâtiments sont un peu chargé et l’iconographie pas si lisible sans avoir les yeux collés dessus. L’ergonomie globale est bonne sur son plateau, mais souffre un peu lorsqu’il s’agit de regarder les plateaux adverses, d’autant plus qu’il est possible d’aller recycler son dé sur un bâtiment de niveau 1 adverse. Les bâtiments pouvant être facilement masqué par les Dunaïas, le problème de visibilité est un peu gênant. On regrette aussi de tout petits soucis d’éditions : Les dés noirs sont finalement blanc, certains fragments d’artefacts ne s’assemblent pas entre eux (il faut en chercher d’autres dans le bon sens). Rien de rédhibitoire, mais c’est un peu dommage. L’éditeur nous a d’ailleurs annoncé la présence d’une planche de stickers dans les boites commercialisées pour palier à ce petit souci au niveau des Artefacts.
Avec la présence de dés, nous pourrions craindre un hasard trop présent, il n’en est rien. À part lorsque aucun dé n’est disponible à notre tour et que nous devons les relancer, le reste du jeu est assez peu soumis au hasard. 6 bâtiments sont toujours disponibles et le reste est toujours en place. Les amoureux de programmation et de réflexion vont donc pouvoir se faire plaisir. Les stratégies sont suffisamment nombreuses : entre la course aux objectifs ou à la construction intégrale de notre plateau, celle aux points par la construction de bâtiments de niveau 3 en maximisant la disposition des autres, celle aux constructions d’artefacts en jouant autour des puces à ficher … il y a de quoi faire !
Afin de varier les parties, Dunaïa offre plusieurs prophéties (9), servant d’objectifs de fin de partie. On en choisira une par couleur aléatoirement. On peut aussi en choisir donnant moins de points si l’on souhaite une partie un peu plus courte, car la fin de partie sera définie soit par un joueur ayant construit ses 9 bâtiments, soit par la réalisation des trois prophéties. Un autre atout pour la variabilité est le choix parmi les jetons d’appels aux anciens. 5 sont présent dans la boite et vont d’ailleurs forcer les joueurs à adapter leurs stratégies. Le dernier élément pour cette rejouabilité est apportée par la variante avec les fiches personnages, qui en plus de varier les différentes parties, apporte une asymétrie qui convient très bien au jeu. Indispensable selon nous.
Le jeu est prévu pour 2 à 4 joueurs et fonctionne bien peu importe la configuration. Le temps d’attente entre chacun de nos tours est un peu plus important à 3 et 4 joueurs, mais permet d’anticiper ce que l’on fera à notre tour même si certains éléments (dés blancs et bâtiments disponibles) peuvent changer. Il faut compter sur des durées de parties entre 45mn et 1h15 suivant les objectifs en place et la configuration du nombre de joueurs. Une tempo de jeu qui peut s’avérer un peu lente en fin de partie tant les choix peuvent être nombreux. Il aurait peut-être gagné à être un peu plus resserré en temps de jeu. L’interaction est plutôt faible et va se concentrer sur la course aux prophéties, à un choix commun des bâtiments et surtout aux bâtiments de niveau 1. Malin sans être trop méchant. Le jeu est recommandé dès 12 ans, ce qui nous semble adapté.
Dunaïa propose donc une expérience assez originale mélangeant de nombreuses mécaniques. Il est plaisant et plutôt fluide à jouer et se classe dans une catégorie intermédiaire à la limite de l’expert au niveau de la réflexion. Peu de hasard pour une programmation agréable avec pas mal d’éléments à gérer : choix du dé, des bâtiments, positionnement des dunaïa et des bâtiments, gestion des puces pour comboter en fonction des pouvoirs. Tous ces éléments font de Dunaïa un jeu intéressant et très complet avec des règles relativement simples et une chouette profondeur de jeu.
Notre avis complet avec l'avis de notre fils Kylian sur