J'ai d'ordinaire beaucoup de mal à adhérer aux jeux de confrontation directe, surtout lorsqu'ils sont abstraits. C'est pourquoi je suis encore tout ébaubi d'avoir apprécié *Easter Island*, qui est un jeu à deux de placement/ blocage sans hasard. Et qu'on ne vienne pas me dire que ce n'est pas un jeu abstrait parce qu'il y a des statues Moaï dedans, bande de petits malins. On ne me la fait pas à moi, hein: un jeu en face à face avec des pions noirs contre des pions blancs, ça ressemble tout de même beaucoup à un jeu abstrait. N'empêche que, tout de même, je l'aime bien.
Si les règles sont simples, l'éventail de possibilités offertes est au départ assez déroutant; à son tour, il faut en effet réaliser deux actions parmi cinq (poser, pivoter ou déplacer une statue, poser ou activer un soleil), de manière à carboniser les statues adverses, ce qui peut se faire dans le dos, en face à face, ou en faisant sortir le rayon du plateau. Autant dire qu'on se sent vite un peu perdu, mais qu’une fois dans le bain, tout devient plus clair. Le jeu est particulièrement offensif, ce qui oblige à jouer de nombreux de coups de défense, qui peuvent parfois se muer en contre-attaques redoutables. Mais surtout, j'aime beaucoup le système de réaction en chaîne, ces rayons qui font "Bang ! Beng ! Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz !", et rebondissent à travers le plateau pour atterrir là où l'autre vilain d'en face ne les attendait pas. Quant au matériel, il est tout à fait correct, avec des statues en plastique souple du plus bel effet. *Easter Island* est donc au final un jeu intelligent, plus tactique que stratégique, mais très agréable dans sa catégorie.