La conception de certains jeux d'ambiances me laisse parfois rêveur. C'est bien le cas de ce quitte ou double qui ravive en moi des questionnements philosophiques profonds, tels que :
- Mais pourquoi diable une si grosse boîte ?
- Mais pourquoi diantre un nombre de joueurs maximum fixé à 20 ?
- Mais pourquoi ventrebleu l'avoir appelé quitte ou double ?
La réponse (ou la non-réponse) à la première question se trouve à l'intérieur de la boîte. Quitte ou double est en effet un jeu de questions au principe simple et efficace : tous les joueurs donnent une réponse et misent ensuite pour se rapprocher le plus possible de la vérité (on joue avec des nombres ou des dates). Seulement voilà, au lieu de fournir un deck de cartes, des plaques pour marquer les réponses et quelques petits jetons, l'éditeur a choisi l'option de fabriquer des jetons type poker bien gros et bien lourds (soulignons au passage la qualité de ces jetons qui n'enlève malheureusement rien à leur encombrement) ainsi que pléthore de jetons tout aussi volumineux pour marquer les points ! Sans compter le sablier, qui ne sert absolument à rien car on ne va jamais au bout... Le reste est constitué de bon gros thermoformage pour combler le 'reste du vide'. Tant et si bien qu'on se retrouve avec une boîte plus grosse (6300 cm3) qu'Ora et Labora (5125 cm3), si, si... Pour un jeu qui pourrait s'emmener partout, si c'est pas du foutage de gueule.
La deuxième question, qui concerne le nombre de joueurs, dérive plutôt quant à elle de l'absurdité mathématique. Je m'explique : on nous annonce un maximum de 20 joueurs. 20 joueurs ? Oui mais par équipe. Fort bien, fort bien, mais encore ? Les joueurs peuvent se réunir pour un maximum de 6 équipes ! Je me demande donc bien quel théorème complexe a été appliqué pour arriver à cette tautologie ubuesque : le nombre de joueurs par équipe ne doit pas dépasser 3,33 (en arrondissant au deuxième chiffre après la virgule). Quitte à annoncer un gros chiffre, pourquoi s'arrêter à 20 : autant donner au moins un multiple de 6 pour que cela paraisse un tant soit peu réfléchi ! 24, 30, 666... ?
Enfin, concernant le titre de ce jeu, on aurait tout aussi bien pu l'appeler *Mords-y-l'oeil* au *Bozo au pays des clowns*. Le titre 'Quitte ou double' semble venir du dernier tour de jeu où les joueurs doivent remiser les points qu'ils ont accumulé au cours de la partie. Je dis bien DOIVENT et non PEUVENT (comme il est écrit dans la règle), car ne pas le faire relève de l'ineptie totale. En effet, deux cas se présentent :
1) Les joueurs n'ont pas misé au même endroit : dans ce cas, c'est le joueur qui aura misé au bon endroit qui va gagner s'il y a misé tous ses jetons (à moins qu'il y ait 10 jetons d'écart à ce moment du jeu entre les joueurs, mais je n'ai jamais vu).
2) Les joueurs ont misé au même endroit : dans ce cas, c'est celui qui y a mis le plus de jetons qui gagne.
On constate au final que, dans la grande majorité des cas, la partie se décide uniquement sur la dernière question (ce qui n'est en fait pas si mal) et que le jeu aurait dû s'appeler plus volontiers *La dernière question qui tue* ou bien encore *Last killing question* si on veut vendre aux States.
Mais trêve de plaisanteries, revenons-en au fait. Le jeu en lui-même est très plaisant à jouer, rapide et dynamique : tout ce qu'on attend de ce type de jeu. Il aurait donc mérité une note amplement supérieure si son conditionnement ne venait pas tout gâcher.