Dans un Prague médiéval, bah... on court après les points de victoire.
Eh oui, c'est un pur euro abrstrait.
Et c'est vrai, il y a bien des golems, ces créatures d'argile fabriqués par des sortes de rabins-frankeinstein. Ces Golem eux ausse courent dans la ville et nous rapportent gentiment des PV, comme de braves toutous ou presque... Quels services rendent-ils exactement dans la ville, on ne sait pas -la notice dit "des tâches dans les maisons"... mouais, je les vois mal passer l'aspirateur ou courir après les rats dans les caves. Ca aurait été bien qu'il accomplissent une quelconque mission, genre lutter contre les persécutions, ça aurait fait un lien thématique plus fort, mais non, ils "travaillent" c'est tout. Franchement des cubes "persécution" à enlever de chaque maison en mode semi coop pendant toute la partie, ça n'aurait franchement pas été trop difficile, messieurs les italiens... D'ailleurs vous pourrez très bien rajouter notre règle maison pour booster le début de partie (en gros le premier qui libère chaque maison de son cube violet que j'y ai placé en début de partie gagne un bonus à déterminer).
Bon, trêve de variantes, revenons à nos Golems. A force de courir ainsi dans la ville, ils peuvent aussi nous coûter plus de PV qu'ils ne nous en rapportent: l'élevage de Golems est une activité délicate qui se termine généralement par la mise à mort de la bête devenue incontrôlable. Heureusement que Prague n'a pas sa SPG (vous retrouverez facilement l'acronyme).
Golem c'est l'apex des engine builders, un vrai petit monde à la fois trop austère, au thème trop plaqué, mais aussi totalement addictif, une sorte de jeu grimoire sur lequel on revient inlassablement, comme un rabin appliqué et admiratif. Vous pourrez vous y retourner le cerveau pour comboter à tout-va et construire un bon moteur en seulement quelques tours de jeu, le tout sans guère de cohérence narrative mais avec des millions de superbes icônes lugubres pseudo mystiques et une ambiance judéo-praguoise magnifique.
La base du jeu, c'est tout simplement une reprise du principe d'actions de Grand Austria Hotel (également de Luciani et Gigli) mais en remplaçant les dés par des billes. Chacune des 3 usines à points de victoire (bien différenciés par 3 rues et 3 couleurs) est un mini jeu pas si complexe, mais le peu de tours disponibles vous amènera sans doute à en délaisser une au profit des deux autres.
On peu trouver ce jeu un peu aride par rapport aux précédents de Luciani, car il n'y a aucun petit puzzle à remplir, aucun plan sur lequel avancer (les rues sont toutes droites), pas de cartes à collectionner pour combotter, ni même roues et engrenages qui distribuent des ressources.. En fait Golem est un pur moteur, complexe mais le plus épuré possible, donc sans le côté prise de tête infernal des jeux précédents (les dépenses de déplacements de Marco Polo, les engrenages de Tzolkin, les tetris livresques de Newton, les combos de cartes de Lorenzo, etc...). J'adore tous ces jeux mais à chaque fois il y a ce détail de mécanique qui me détourne du centre du jeu. Dans Golem ce n'est pas du tout le cas: aucune source de PV ne demande tant d'attention que cela, donc on se concentrera sur les billes et les actions possibles.
Mais peut-être qu'il faudrait rapprocher Golem des autres jeux de Virginio Gigli sans Luciani (par exemple Egizia, Leonardo de Vinci, Coimbra, Terramara, l'étrange Communi) qui ont également ce côté cérébral et austère (assez "old school") si loin des 100% spatiaux et visuels Marco Polo, Barrage, Tzolkin ou même les plus récents Darwin's Journey, les Rats de Wistar ou Nucleum. Au final, le côté intello des jeux de Luciani et Gigli était sans doute d'avantage dû au second, car les Luciani sans Gigli ont tendance à être plus fun, thématiques et visuels -oui, même Newton est vraiment du soft fun, de la grosse marrade par rapport à Golem!
En contrepartie de cette austérité, Golem offre (peut-être de ce fait) une grande sensation de liberté, qui ne nous quittera jamais pendant toute la partie... et je parle aussi de la liberté de se planter! Car même quand on n'arrive à rien, on peut continuer à tester des choses, il ne nous arrive rien de bloquant ou de réellement punitif. Bon, il faut juste faire attention à ne pas laisser filer trop loin un golem devant un étudiant, mais c'est visuellement très simple à repérer.
Si néanmoins cela se produit, pensez à le tuer avant la fin de manche fatidique, sinon vous risquez de terminer en suppliant les autres joueurs pour qu'on annule et remplace votre coup "génialement ambitieux" (en vrai un coup de ménorah dans l'eau) par un simple assassinat de golem par le rabin -une case fort heureusement illimitée. En effet, la seule vrai punition, ce sont ces fins de rue qui coûtent si cher.
Attention, notez bien que Golem peut décevoir les attentes des joueurs pour qui le thème est important, car le déplacement des meeples n'a absolument rien d'excitant thématiquement: ces rues auraient pu aussi bien être des cuves sous pression qui explosent lorsqu'elles sont pleines, le Golem n'étant au final qu'un marqueur de pression et l'étudiant un piston qui arrive derrière. Pour apprécier ce jeu à sa juste valeur, il faut accepter l'arbitraire de ses règles purement mécaniques, un peu comme on déchiffrerait un vieux texte liturgique dont les codes ne correspondraient pas forcément à nos attentes. Un fois cela accepté, on trouve un système de moteur super fluide et épuré, dont aucune des nombreuses règles ne semble alambiquée ou sinueuse. Les parties suivantes seront à chaque fois plus jouissives, au fur et à mesure que l'on apprivoise la bête!
Vin d'jeu: Après plusieurs parties de Golem, je me suis enfin décidé sur sa note: 9,5 :-) Alors oui, c’est beaucoup pour un jeu qui a quelques défauts. La matériel aurait pu être meilleur avec des ressources figuratives et une « tour à bille » mieux réalisée. Le thème des Golem du 16ème siècle ne transpire pas dans le jeu et il n’y a pas de « vrai » pouvoirs asymétriques bien qu’il y ait une grande asymétrie dans la majorité des éléments du jeu (objectifs privés, artefacts personnels, livres personnels,…). De plus, les améliorations du golem sont toujours les mêmes et il aurait été plus amusant de pouvoir jongler avec des améliorations à chaque fois différentes.
Mais ce que j’adore dans ce jeu c’est exactement ce que j’adore dans les Paladins: les multiples bonus qu’il va falloir glaner et optimiser dans leur séquence pour arriver à vos fins le plus vite et le plus efficacement possible. Tout cela demande une bonne planification qui va vous plonger dans le jeu du début à la fin sans un seul temps mort tant la réflexion est grande et le plaisir ludique enivrant.
Tous les avis sur <https://www.vindjeu.eu/>