Entre sud du Berry et nord du Limousin, à l’ouest du Bourbonnais et jusqu’à l’est du Poitou, vous voyez ?
Non ?
C’est pourtant là que se situe l’univers de Guyenne, le très agréable jeu de cartes créé par Laurent et Jean-Baptiste Journaux. Laurent traîne ses guêtres depuis des lustres immémoriaux dans le monde français du jeu et le voici aujourd’hui dans le rôle de l’auteur (qu’il affectionne depuis longtemps), avec ce jeu familial et malin qu’est Guyenne.
De quoi s’agit-il ?
C’est bien simple : entre sud du Berry et nord du Limousin, à l’ouest du Bourbonnais et jusqu’à l’est du Poitou, que trouve-t-on ? Des châteaux médiévaux, des fortifications, vestiges de la grande guerre, la guerre de Cent Ans qui vit s’affronter Français et Anglais.
Guyenne est un jeu de combats incessants, de vagues d’attaque et de défense autour des châteaux de la région (cette édition est consacrée au château de Sarzay et plusieurs cartes additionnelles vous en content l’Histoire… On espère alors et on entrevoit le projet de Laurent, fournir à chacun des châteaux régionaux sa propre version de Guyenne, et raconter ainsi l’Histoire entière de la région durant la guerre).
Vagues incessantes de combats, disai-je. A son tour, le premier joueur attaque ou défend un château, en posant devant celui-ci une ou plusieurs cartes faces cachées. Son adversaire répond à ces manoeuvres avant d’inverser les rôles sur un second château. Il y en a en tout six à conquérir simultanément pour une victoire éclair.
Mais l’objectif est bien difficile à atteindre et les châteaux changent maintes fois de bannière. A chaque bataille, le camp victorieux doit sacrifier sa carte la plus forte. La gestion de main s’ajoute au bluff, la mécanique astucieuse demeure cependant très accessible et les combats s’enchaînent facilement sans avoir besoin de consulter les règles.
On se dit alors qu’il faut simplement à chaque tour dépenser toutes ses cartes et attaquer de toutes ses forces pour faire plier l’adversaire… Mais sous la patte experte de Laurent, le jeu se révèle un peu plus retors : après deux tours de sabot, la guerre cesse et les soldats déposent les armes. Il est temps de compter les points. Avoir le contrôle d’un château rapporte un point. Contrôler des châteaux voisins offre un bonus. Mais avoir encore en main ou en pioche des forces vives alors que les forces adverses se tarissent risque fort de faire pencher la balance dans le camp du plus rusé !
Sous ses dehors médiévaux, bien au delà du peu d’espoir que l’on place dans un objet souvenir acheté à la boutique d’un musée, Guyenne est un jeu moderne, vif et malin.
Un grand petit jeu !
(Note au lecteur : oui j’en fais beaucoup pour un simple jeu de cartes et je soutiens officiellement le projet de Laurent. Pourtant je ne retirerais pas un mot de cet avis même si je ne le connaissais pas ; Guyenne est un excellent jeu dans sa catégorie. Essayez-le !)