Cela fait des années que je suis une fan des productions qui se déroulent dans l'univers d'épouvante décrit, ou plutôt adroitement suggéré, par Lovecraft, notamment la V2 du jeu de plateau Horreur à Arkham auquel j'ai pas mal joué, alors quand ce jeu est sorti, il m'a interpellée.
Oui mais.
C'est du JCE. Déjà, ça n'a pas pris chez moi avec le SDA JCE. Donc si c'est la même recette, bof... ensuite, les JCE, on le sait, ça finit par coûter cher. Même si en réalité il s'agit de 15 euros par mois durant une certaine période, à côté, disons, d'un paquet de cigarette par jour durant une période sans doute plus longue, c'est vite vu ; certes ; quoi qu'il en soit, ça fait cher pour un jeu (et pour de la fumée encore plus).
Mais, bon, après quelques semaines d'hésitation pour la forme, j'ai craqué pour cette fameuse boîte de base dont on disait plein de choses que je n'arrivais pas à me figurer, sur les investigateurs, l'adversité, les cartes des decks, et qui me semblait déjà complexe de par mon ignorance les concernant.
Or, dans la boîte, se trouve un livret d'apprentissage. Je lis, et hop, je démarre, avec Roland Banks (comme certainement une grande majorité des joueurs d'HàA JCE). Et là, ben bof. Car oui, il y a une règle qui s'appelle la sombre règle, et vu que moi je me pose plein de questions sur telle ou telle situation, inutile de dire qu'en appliquant la sombre règle, je me suis compliquée la vie de ouf.
Un instant un peu fou, je me dis qu'à deux ce sera peut-être plus facile d'y voir plus clair, mais haha ! quelle folie, de quoi y laisser de la santé mentale, c'était bien entendu encore pire et nous n'avons même pas fini le scénario.
Mais quand même, ce jeu, là, il ne me laisse pas indifférente : les illustrations, les textes d'ambiance, les règles que je touche du bout du doigt, tout me laisse deviner une forte part narrative confirmée par les commentaires de ceux qui y jouent avec plaisir.
Je parle de mon ambivalence sur le forum et là, Chakado me propose une partie en visio ! Mais oui ! Et en effet, durant cette partie hautement pédagogique, je me rends compte que je compliquais tout à souhait, et que finalement, les choses sont bien plus simples qu'il n'y paraît.
A condition, durant quelques (nombreuses ?) parties de voyager avec le guide de référence à côté pour le consulter lors d'hésitations plutôt que d'appliquer cette fichue sombre règle.
Voilà, ce furent des débuts difficiles, mais ensuite ?
Ensuite, ce n'est que du plaisir. Une fois la Zélatrice faite et refaite (et rerefaite etc.), je m'enhardis, achète Dunwich, et là... là.... mais ce jeu est extraordinaire !!!
Après des dizaines et des dizaines et des dizaines de parties, la construction de deck n'est toujours pas mon activité préférée (quoiqu'elle commence à m'intéresser), mais je pallie cela en y jouant en mode facile, et j'adore redécouvrir une campagne avec un nouvel investigateur d'une autre classe, que je jouerai de manière tout à fait différente et qui me fera découvrir des choses alors restées inédites pour moi.
Certes, au bout d'un moment, on connaît à peu près tout ce qui peut arriver dans une campagne, mais autre deck, autre façon de l'aborder, plaisir renouvelé.
Finalement oui, le jeu représente un investissement financier même si l'on se cantonne à une campagne en plus de la boîte de base. Si on compte en boîte/en matériel/en tout ça pour un jeu, oui.
Si on compte en heures de jeu passées dessus ? Pour ma part, des centaines. Alors oui, il faut aimer jouer et rejouer à un même jeu, ne pas être un adepte de la novellite aiguë, de même qu'il ne faut pas espérer gagner à tout prix (enfin si vous êtes trop fort, pourquoi pas ?), car ici le chemin est plus intéressant que la destination.
Je pourrais encore vous parler de Roland, Daisy, Agnes, Skids et Wendy et tous les autres, mais je pense que certains forums spécialisés le font très bien. Sachez juste qu'à chaque investigateur que je joue, je me dis "rhoooo et alors là comme ça, en faisant et ça, je peux faire ça et.. rhooo c'est trop foooort !!!" (même s'il finit le plus souvent tué ou dément, oui). Même en rejouant la Nuit de la Zélatrice (que je n'aime pas particulièrement, en plus), une énième fois, je reste ébaubie par tout ce que je découvre en termes de possibilités du deck que je joue (et que, malgré tout, j'ai le plus souvent construit de mes petites mains).
En conclusion, je dirais que si vous êtes prêts à y investir un minimum de deniers et un maximum de temps, que vous aimez les jeux qui racontent une histoire, que vous n'avez rien contre la coopération si vous n'y jouez pas seul, ou si vous y jouez à plusieurs dans votre tête, et qu'en plus vous aimez Lovecraft, prenez le temps de vous y pencher un petit peu...