Petit dernier de Bruno Cathala, avec l'apport de Evan Singh, j'en attendais beaucoup de ce Ishtar : Les Jardins de Babylone. Surtout avec le buzz généré lors de la gen con.
L'édition est magnifique. Les plateaux désert, les gemmes, les meeples assistants, les arbres en bois, les tuiles. Posé sur la table, l'envie de jouer est immédiate tant le jeu est beau. Sur ce point, bravo Iello et Biboun pour les illustrations.
Au niveau des règles, tout est parfaitement limpide. Inspirée du jeu de go, la mécanique tourne parfaitement bien. Chaque joueur pose une tuile jardin qu'il raccorde à une fontaine placée sur le plateau de jeu lors de la mise en place, en essayant de collecter des gemmes disséminées aux quatre coins du désert. Ces tuiles permettent, soit de poser des meeples assistants jardiniers pour revendiquer la propriété d'un parterre de fleurs, soit d'acquérir une compétence supplémentaire en dépensant deux gemmes parmi celles collectées au fur et à mesure des tours. Ceci en respectant deux contraintes : ne pas raccorder deux fontaines entre elles, et ne pas raccorder deux parterres de fleurs appartenant à deux joueurs différents.
Le tout est très fluide, limpide et rapide. Mais en réalité, chaque joueur aura des choix cornéliens à faire à chaque tour : dépenser des gemmes pour planter des arbres et marquer des points, garder des gemmes de côté pour acquérir une maitrise, tenter de prendre le contrôle d'une fontaine en ayant plus de cases fleurs que les petits camarades jardiniers qui se seraient placés sur la même fontaine. Et surtout, tenter de freiner un adversaire qui commence à monter dangereusement dans les points. Car Ishtar, en plus du placement, c'est aussi du blocage, de l'anticipation, et de la majorité avec le contrôle des fontaines.
Enfin, aucune stratégie ne prédomine pour pouvoir l'emporter. Toutes les manières de scorer, que ce soit avec les fleurs, les maitrises, les arbres, et les majorités, sont valables. Le tout sera d'équilibrer tout ça, mais un même joueur ne pourra rarement tout faire. Ce qui, avec les plateaux modulables à souhait, assure une grande rejouabilité. Chaque partie sera différente de l'autre.
Bien que la thématique soit bien trouvée et que le jeu soit magnifique, le jeu reste relativement abstrait, même si la qualité de l'édition permet de rester immergé dedans. Aussi, la mise en place peut parfois être un peu longuette.
En résumé, Ishtar n'est peut être pas révolutionnaire dans le genre, mais remplit parfaitement son contrat. Un excellent jeu et l'un des titres phares de cette année. Sorte de Five Tribes en plus accessible et familial, avec cette revisitation d'un autre jeu traditionnel, voici un titre qui réunira tout le monde, à la fois joueurs confirmés et occasionnels, autour de la table pour faire fleurir les roses du désert.