Avant de commencer, un salut amical à monsieur Nicolas "Cap'tain Cavern", qui est depuis des années un amateur éclairé de La Citta. A ce jeu, si il est présent à la table, sachez que le plus souvent vous luttez seulement pour la seconde place.
Vingt ans. Cela fait maintenant vingt ans que Tilsit a eu la bonne idée de localiser La Citta, un jeu de Gerd Fenchel sorti deux ans plus tôt chez Kosmos. L'auteur a semble-t-il publié là son unique création ludique alors que l'illustrateur, Claus Stephan, a beaucoup œuvré dans l'illustration de boites de jeux, on peut citer notamment Race for the galaxy, Lancaster, Kahuna, Amerigo, Keltis, German Railroads, Edo ou encore dernièrement The Castle of Toscany...tenez, on y revient.
La Citta est un jeu qui encore aujourd'hui a un charme indéniable et il embellit n'importe quelle ludohèque avec l'illustration très classe de la boite, tout comme d'ailleurs les cartes finement illustrées, les tuiles bâtiments, les toutes petites figurines (qui respectent la parité), ainsi que les dessins sur le pourtour du (grand) plateau. Ce dernier semble en revanche un peu austère avec ces hexagones et cette dominante aux différentes nuances vertes pour les zones constructibles, du marron-jaunes pour les champs de blés du gris pour les montagnes et quelques zones bleues pour l'eau ; Cependant, une fois recouvert de tuiles bâtiments et surtout d'habitants, l'ensemble devient soudain plus coloré et réellement vivant. Notons que le plateau n'est pas figé et qu'à chaque partie, on peut en modifier la géographie par la mise en place de tuiles terrains.
Souvent comparé à un Sims-city sur plateau, parfois à un Antiquity en plus léger, La Citta a longtemps enchanté nos tables par chez nous.
Mais de quoi s'agit-il donc ? Vous allez essayer de fonder des cités (vous pourrez plus tard en avoir jusqu'à 4) en partant de vos deux châteaux de départ que vous tenterez d'installer au mieux durant la mise en place et selon certaines règles et critères précis. Une bonne cité (qui fait venir, croître et surtout retient ses habitants) doit disposer de bâtiments répondant au souhait de la population. Il y a 11 bâtiments différents dans le jeux, à savoir Hôpital, Ferme, Carrière, Marché, Statue, Monastère, Fontaine, Palais, Thermes, Cathédrale et Université. Mis à part le Marché, la Carrière et la Ferme qui ont des utilités autres, les bâtiments répondent au trois besoins exprimés par les cartes "Voix du peuple", à savoir la Santé, l'Education la Culture ; Durant les 6 années (tours) du jeu, ces voeux vont évoluer d'une manière aléatoire (mais il est heureusement possible d'anticiper un minimum) et engendrer durant une phase de fin de tour des mouvements de population. En effet, si le voeux principal est la santé, certaines petites figurines "habitants" vont migrer vers une cité voisine pas trop éloignée, si cette dernière propose un meilleur niveau de santé...or un batiment vidé de son habitant est retiré. Donc des cités croissent et d'autres se rabougrissent. Or, les d'habitants dans vos cités en fin de partie seront la source principale de vos points de victoire, avec également des points supplémentaire pour chaque cité couvrant les trois souhaits principaux.
Je vais passer sur d'autres aspects du jeu, mais autant vous le dire tout de suite : si la première année est en générale pas très méchante, à partir de la seconde, cela peut vite devenir féroce. Les habitants sont à fidélité changeante et vos adversaires ne rêvent que d'une chose : attirer chez eux vos habitants. On peut même voir une cité redevenir un simple château. Le système d'action (vous en jouez 5 par année) repose sur des cartes. Chaque joueur à 3 cartes d'action de base et vous pouvez aussi vous servir dans une rivière de cartes "Action politique". Lorsque la partie avance, chaque décision doit être bien évaluée et on prend toujours un risque lorsque l'on décide de s'approcher de très près d'une cité adverse dans l'espoir de récupérer des citoyens. C'est le principal problème du jeu : il faut s'adapter aux nouvelles demandes, essayer de les connaitre avant les autres pour mieux anticiper sur vos constructions.
Ah, quand même un point important : on peut perdre aussi des citoyens si on a un niveau de nourriture insuffisant...vos fermes vont jouer un rôle fondamental. De même sans marché, fontaine ou therme, pas question d'augmenter votre population au-delà d'un certain seuil. En plus, ces bâtiments ne se placent pas n'importe où. Enfin, une source d'or n'est pas négligeable pour pouvoir utiliser certaines cartes...la carrière n'est donc pas à sous-estimer.
La Citta propose des parties intenses, avec de fortes interactions directes et indirectes. Les règles ne sont pas très complexes : sur les 8 (grandes) pages du livret, sans compter la présentation du matériel, la mise en place et quelques conseils, on a 4 pages (relativement denses quand même) de règles, mais ce n'est pas un jeu léger : Il demande de l'attention, de l'anticipation, un sens du placement stratégique, de la ruse aussi et les amateurs de choix difficiles y trouvent généralement leur compte.
En ce qui me concerne, La Citta fait partie de mon top "moult boites" dont je me séparerai pas, je reste admiratif de ce jeu et puis on ne peut quitter La Citta Grandiosa !
Enfin, pour continuer le titre (dont je ne suis évidemment pas l'auteur), songez que :
... "Les sages et beaux paysages font les hommes sages aussi".
(JJG 1990 "Goldman, Fredericks and Jones", extrait de "C'est pas d'l'amour").