Britannia, War of the Roses, Brass, Richard III, London, Warriors of God, Struggle of Empires, Washington's war, Hammer of the Scots, Richard coeur de lion, The road to Canterbury, Churchill, A few acre of snow... moi c'est simple, quand il y a du british à jouer, je me porte toujours volontaire, d'ailleurs tous ces jeux sont dans ma ludo. J'aime l'Histoire de la Grande-Bretagne, me demandez pas pourquoi, c'est comme ça.
Lancaster avait donc déjà un gros atout pour attirer mon regard et je l'avais acquis dés sa sortie. Le thème donc, mais aussi l'auteur, monsieur Matthias Cramer dont j'avais déjà fait la connaissance avec Glen More (et oui, l'Ecosse...). Ensuite, je regarde toujours ce qui sort chez Queen games parce que, s'ils ont souvent des notions un peu approximatives de la langue française (et Lancaster ne fait pas exception), leurs jeux sont le plus souvent bien édités, avec une qualité ludique variable certes, mais quand même : Shogun, Fresko, Jenseits von Theben, Alhambra, Dschunke, Kingdom builder, excusez du peu... et à cette liste déjà bien sympathique, je rajouterais Lancaster, un jeu que je placerais bien sur l'une des trois premières place du podium QG.
Question mécanismes, le jeu est structuré sur un système de pose d'ouvr... heu...chevaliers, mais c'est pas plan-plan du tout : c'est de la pose agressive car le plus souvent, vous chassez quelqu'un directement quand vous jouez l'un de vos chevaliers sur une emplacement ville, indirectement lorsque vous allez combattre du froggies (j'y reviendrai) ou encore quand vous irez à la Cour du roi (dans l'extension Henry V). L'interaction est donc conséquente et c'est pour moi l'un des premiers points positifs du jeu. Mais chaque joueur a aussi son pré carré, avec un plateau individuel dont il vous faudra développer le château (ce qui donne ensuite des bonus et plus tard des points). Naturellement, vous vous en doutez, on peut pas tout faire et vos choix seront guidés non seulement pas les réactions adverses, mais aussi par les points forts que vous développerez. Le recrutement et la "montée" de niveau de vos chevaliers (importante pour chasser les autres et même pour avoir le droit de se poser sur certaines villes) sont des actions importantes, surtout que vous commencez avec seulement deux chevaliers et qu'une partie, c'est seulement 5 grandes manches.
Quand on y réfléchit bien, le thème est assez présent : les joueurs placent des chevaliers dans différentes cités du pays qui rivalisent pour obtenir de l'argent, des relations (les nobles), pour recruter, pour adouber, pour gagner de l'expérience, mais aussi pour se faire bien voir du roi. Les combats contre les français (et oui, 1413, on est en pleine guerre de Cent ans) sont simulés par un simple rapport de force certes, mais il faut coopérer pour vaincre, tous le monde ne sera pas forcément récompensé de ses efforts, ce qui engendrent quelques tensions, voire trahisons. Et quand on perd une bataille, et bien vous aurez des chevaliers prisonniers qu'il faudra libérer en payant !
Lancaster, c'est aussi le vote des lois par les joueurs (grâce aux voix que procurent les nobles qui vous soutiennent) et naturellement, là encore, vont s'opposer des intérêts franchement antagonistes... il n'est pas interdit de négocier évidemment, mais une petite trahison de temps à autres n'est pas à exclure : parfois devant l'urne l'électeur varie, bien fol est qui s'y fie... les lois peuvent donner des points, de l'or, un élément de développement de château, etc... en fonction de votre situation. Seulement parfois, cela profite à d'autres et pas du tout à vous, d'où des votes sous tension pratiquement à chaque fois. Subtilité : 3 lois sont toujours exécutoires et chaque loi peut être maintenue, sauf si elle se fait chasser par une loi nouvellement adoptée.
Queen games a fait paraître deux extensions : La première propose de nouvelles lois, elles sont pas indispensables mais elles donnent un peu plus de variétés ; La seconde, "Henry V", devrait retenir votre attention. On trouve un nouveau lieu de rivalité, la "Cour du Roi" pour obtenir titres et honneurs, ces derniers offrant des avantages efficaces pendant toute une manche. On trouve aussi un deuxième module bien pensé, à savoir "la contrariété du Roi". Sans entrer dans les détails, sachez que Henry V sanctionne les joueurs les moins efficaces contre les français quand une bataille a été perdue. Les fautifs accumulent alors des jetons de déshonneurs qui couteront cher en point en fin de partie. Vous pourrez toutefois vous en débarrasser un peu ou totalement en envoyant un de vos chevalier en pénitence...dans une prison. Evidemment, il va vous manquer pendant toute une manche, mais le pompon, c'est que même les places en prison sont limitées... et oui, même là, les joueurs sont en rivalité. Enfin, il y a 8 nouvelles lois liées aux modules.
Je vais passer sur d'autres aspects intéressants du jeu ; Quelques petites critiques ? Oui, essentiellement deux. Premièrement, il faut privilégier les configurations quatre et cinq joueurs. A trois, le plateau semble bien grand. J'ai joué une partie dans cette config., c'est pas mon meilleur souvenir de Lancaster. A deux, il y a tout un dispositif à mettre en place, mais là mes compétences lancastriennes s'arrêtent car je n'ai jamais joué en duel. J'ai vu un retour une fois peu enthousiaste mais c'était une partie découverte, donc pas vraiment significative.
Deuxièmement, ce n'est pas tout à fait une critique mais un conseil : surveillez bien un joueur qui accumule beaucoup de nobles, car il sera redoutable pendant les votes et marquera pas mal de points au décomptes final. J'ai remarqué d'ailleurs que la stratégie des évêques et des sceaux (de l'extension Henry V) contrait bien les résultats d'un joueur un peu trop fort en nobles.
Si vous aimez les jeux de Matthias. Cramer, les poses d'ouvriers pas pacifiques du tout, les fourberies, la tension du "il y en aura pas pour tout le monde", des voies de points variés, les jeux bien édités au matériel très correct, alors Lancaster est fait pour vous.
PS : Une loi dit que le joueur ayant le plus d'or peut augmenter d'1 niveau un de ses chevaliers et qu'en cas d'égalité, c'est le joueur qui a le plus... d'or, qui peut le faire. Evidemment, ça n'a pas de sens mais heureusement, les règles anglaises sont là : En cas d'égalité, tous les joueurs concernés peuvent effectuer cette montée de niveau. Ah lala ! QG et les règles VF... ça frôle la poésie.