Apportant une nette amélioration par rapport à Louis XIV (dont il est une refonte) Mafiozoo se situe exactement à la croisée de l'enchère et de la majorité. Quelque part entre Istanbul, Las Vegas et Medici, il propose finalement de tempérer les défauts des deux genres. L'ensemble reste simple mais donne une agréable sensation de fourmillement sur ce (très grand) plateau. On ne peut pas lui faire les reproches habituels destinés aux jeux d'enchères classiques à la Knizia, car ici la chance et l'aspect psychologique ne tiennent pas le devant de la scène. On ne peut pas non plus lui reprocher l'aspect figé de pur calcul spatial de tous ces vieux jeux de majorité qui n'ont pas le génie l'El Grande. Finalement, Mafiozoo est très frais et original.
Concrètement, on offre des bijoux (en mode awalé, coucou Istanbul) à des personnages, puis on attend les résolutions pour gagner des objets permettant ensuite de prendre le contrôle des bâtiments, ainsi que des jetons représentant les 6 quartiers qui scorent en fin de partie de différentes façons. Imaginez donc que les placements de dés de Las Vegas sur les différents casinos ne soient que le début d'une arborescence vers les points de victoire possibles.
Tout cela semble banal dit comme ça : comme souvent chez Rudiger Dorn, l’originalité et la qualité résident plus dans l’agencement que dans les idées elles-mêmes: on est vraiment bluffé par cette mécanique d'horloge.
Cette très bonne refonte livrée par Super Meeple me semble cependant encore largement perfectible, en particulier au niveau de la taille des jetons de conditions/récompenses des enchères, qu'on place aléatoirement sur les personnages: pourquoi diable sont-ils si petits et si grisâtres, perdus sur cet immense plateau? De grosses plaques visibles de loin auraient étés mieux indiqués, car c'est LE mécanisme central du jeu (la corruption, ses conditions et ses gains possibles).