Heureux aggiornamento d’Horreur à Arkham (et du Seigneur des Anneaux évidemment), ce Marvel ne s’emmerde pas avec des arborescence d’intrigues étalées sur deux cent cinquante cartes et préfère à juste titre élaguer les laborieux préliminaires pour se concentrer sur un thème aussi subtile que régressif: de la baston super-héroïque, rien que de la baston super-héroïque.
Ce qu’on perd en narration est autant de gagné pour la mise en place, vite expédiée, tout comme la phase préliminaire de construction de deck puisque d’une part chaque super-héros est accompagné d’un deck pré-construit relativement fonctionnel, et d’autre part les règles de personnalisation sont balisée de telle sorte que l’opération peut être, à l’envie, cérébrale ou expéditive.
La mise en place des Vilains est à l’avenant, avec un deck rencontre déplié en deux/trois minutes. Les règles sont vite expliquées et intégrées, même si le principe éculé des mots-clés demande toujours un peu de pratique pour être assimilé sans contrôle du livret de référence.
Résultat: Un coop spectaculairement modulable aux petits oignons, très tactique voire un poil mécanique mais très fun, qui se déguste aussi bien sur le pouce que sur une table dressée - La rapidité de mise en place étant l’atout maître de cette mouture, dont l’édition et le gameplay servent le thème avec intelligence et courtoisie, chose suffisamment satisfaisante et peu fréquente pour être relevée.
Un jeu de cartes évolutif très accessible et fun qui s’adresse aussi bien aux gros joueurs pinailleurs qu’à ceux et celles qui veulent juste passer un bon moment sans se faire massacrer neuf fois sur dix: après tout, les super-héros finissent toujours par gagner et ne meurent jamais, c’est une règle d’airain!
Quatre réserves cependant, pas moins (pinaillons un peu tout de même):
1- Le thème Marvel est sympatoche mais n’embarque pas tout le monde: certaines personnes trouvent ça un peu naze et préfèrent d’autres ambiances. Moui bon.
2- À quatre joueurs les tours de table s’ankylosent - Les opportunités d’agir pendant le tour d’un autre joueur assurent correctement la dimension coopérative des parties mais ne contribuent pas à assurer un dynamisme attendu. Chacun passe son tour à épuiser toutes ses actions possibles, et cela peut prendre du temps lorsque les joueurs commencent à déployer des tableaux de bord qui multiplient les options. Le jeu peut encore évoluer positivement dans ce sens, mais on peut quand même regretter l’absence de mécaniques un tant soit peu originales, autrement dit, peut être, l’absence de prise de risque de la part de l’éditeur. Ces petites récriminations s’effondrent cependant en solo ou en duo, configurations manifestement privilégiées.
3 - Même si cette dimension est effleurée dans la première campagne, « L’Avènement de Crâne Rouge », Marvel Champions ne propose pas, pour le moment, un système consistant de progression des personnages comme on peut en trouver dans Horreur à Arkham. C’est un choix, mais l’absence de montée en puissance peut laisser un vide, en tous cas pour les routards du JCE.
4 - Le prix non d’une pipe, comme d’hab! La question est un peu vaine et rabâchée, certes, mais sûrement pas anodine - la stratégie commerciale consistant à démultiplier les micro-extensions nécessairement plus onéreuses et calibrées pour injecter une forte dose de collectionnite aigüe à de quoi hérisser le poil, sans parler des sleeves et des indispensables intercalaires toujours absents de la boîte! (Au passage, il y en a des cool ici: ), et sans parler non-plus des quelques dizaines de cartes en trop qui prennent un aller simple pour la poubelle.
Tempérons quand même ce dernier point pour finir: De tous les JCE, celui-ci propose sans doute la boîte de base la plus complète et la plus autonome, alors si vous n’êtes pas trop impulsif, ce qui n’est pas gagné, elle saura vous contenter pendant un bon moment avec ce qu’elle contient.
D’autre part, on peut se pencher un instant sur le profil socio-économique des acheteurs potentiels, majoritairement âgés de 30 à 40 ballées et confortablement assis dans leur classe moyenne à supérieure... D’où tire-je cette quasi-certitude? Des résultats d’un sondage fort instructif concernant Horreur à Arkham lu on ze web. J’en ai perdu l’adresse les amis, mais quelques recherches pugnaces vous la feront retrouver.