Qu'il est dur d'écrire sur ce jeu sans a priori ! La faute sûrement à auteur/éditeur qui ne l'a pas édité suite à une campagne de financement participatif couronnée de succès. Cette édition est survenue par surprise plusieurs années après !
Dans Massilia, les joueurs incarnent des marchands qui visent à faire prospérer leur petit commence sur le vieux port pour obtenir le plus de prestige à la fin de la partie. Pour ce faire, ils devront séduire les acheteur et se méfier du consul qui rode.
La mécanique centrale repose sur l'utilisation de dés de quatre couleurs différentes, chacune associée à une action particulière. A son tour, un joueur prend un dés et applique son action (achat/vente de marchandises, déplacement des acheteurs ou du consul, offrande aux dieux, achat de points de victoire). Ce fonctionnement simple est pimenté par plusieurs originalités. Tout d'abord, la valeur des dés peut être modifiée grâce à la prise de jetons *corruption* qui sont convertis en malus à la fin de la partie. Par ailleurs, le consul est à la fois bénéfique en permettant de construire de nouvelles étales et maléfiques en prélevant l'impôt lorsqu'il vient visiter une étale.
Le jeu offre une grande liberté tout en étant particulièrement méchant. Il s'agit alors de profiter de cette liberté avec retenue pour ne pas trop s'exposer à la vindicte consulaire. Et c'est là tout son sel !
Malheureusement, le jeu souffre de son passé sulfureux. Si le matériel et les illustrations sont parfaites, certains ajustements sont contestables. En premier lieu, l'échelle des malus des jetons *corruption* est mal pensée. Chaque couple de jetons fait perdre 3pv, là où une échelle moins linéaire serait plus intéressante. Par exemple, une perte de points de 3/7/12/18/24 pour 2/4/6/8/10 jetons. Cela peut sembler plutôt violent mais permet de réduire l'incertitude sur les choix des adversaires et limite les opportunités de modification des dés. Le 5ème jeton coûte 5pv et est donc rarement pris. Ensuite, le taux de conversion des pièces en points à la fin de partie est étrange. Il s'agirait de convertir 4 tunes en 1 point en fin de partie au lieu de 3 pour 1. Cela rend, dans certaines conditions, une des actions plus intéressante au dernier tour (action des dés noirs et valeur 3 au temple). Enfin, les cartes Dieux ne sont pas toujours intéressantes.
En définitive, un jeu vraiment intéressant dont certains sensations sont proches de *Lewis et Clark* : il faut des ressources mais pas trop. Il ne s'agit pas de bourrer les étals et de se mettre à porter de tir, mais de faire au plus juste. Néanmoins, Massilia nécessite de fournir un effort en reprenant certains points de règle. Il aurait fallu un développement plus poussé, que l'histoire de la création du jeu n'a pas permis. Dommage.