(Avertissement : Je "copie-colle" ici ce petit avis que j'avais pondu ailleurs sur Merlin... Aussi, si vous avez une vague impression de déjà lu, je vous prie de m'excuser par avance pour ce quasi-doublon).
Au prime abord, Merlin possède trois atouts pour plaire : Premièrement, des auteurs bien connus qui font équipe. Certes, beaucoup ont plus remarqué le nom de Stefan Feld que celui de Michael Rieneck sur la boite au point que Merlin a été parfois présenté comme le «nouveau Feld» chez Queen games. Rappelons cependant que Michael Rieneck est aussi l'auteur des Piliers de la terre et de Un monde sans fin, deux jeux qui ont plutôt bonne réputation. Le deuxième atout, c'est l’éditeur, dont la qualité du matériel fourni est souvent très apprécié. En revanche, le public visé par Queen Games quand ils sortent un nouveau jeu n'est pas toujours très clair. Cela peut aller du joueur occasionnel en passant par le public familial jusqu'aux joueurs aguerris, mais il y a toujours une incertitude, si bien que l'attente des premiers retours est primordiale pour se faire une idée. Troisième atout, le thème lui-même qui en générale séduit les joueurs et inspire les auteurs.
J'ai joué trois parties de Merlin, deux fois à 4 joueurs, une fois à 3. Le première fut plutôt plaisante quoi que m'ayant laissé un peu sur ma faim, la seconde m'a fait douter des qualités du jeu, la troisième m'a franchement ennuyé. Et donc depuis, je n'y ai plus rejoué. Diantre ! Mais que s'est-il passé ? Le grand vainqueur de la belette de Winchester aurait-il à nouveau fait «pchitt !» comme dirait l'autre ? Et bien oui, il a fait pchitt !… et cela me peine croyez moi.
Dans ce jeu, il y a quelque chose qui marche pas. C'est globalement poussif, on a jamais l'impression de progresser, et c'est vite répétitif. Bon, on a pas la salade de points habituelle, peut-être sous l'influence de Michael Rieneck et ce n'est pas pour moi une mauvaise chose. Par contre, les résultats de vos dés peuvent être vraiment invalidants. On est pas dans Bora-Bora ou Les Châteaux de Bourgogne : A Merlin, avec les dés, quand on peut rien faire de ce que l'on souhaite, et bien…on peut rien faire de ce que l'on souhaite. Il y a bien quelques possibilités de contrer le sort, l'usage de certaines tuiles par exemple, mais cela demande aussi des circonstances favorables et au bout du compte, vous allez parfois jouer des trucs par dépit.
Les traîtres demandent un peu trop de précieuses actions (pas nombreuses d'ailleurs dans une partie) pour être combattus, à moins que vous ayez un peu de chance (à nouveau) sur le tirage des tuiles traitres. Ne pas les contrer coûte trop de points de victoire (potentiellement jusqu'à 9 par décompte) qui sont déjà pas faciles à gagner ; A ce jeu, on gagne souvent petit (les «gros» coups en points sont rares) et pour réaliser par exemple un contrat, il faut avoir soit un peu de bol (oui, oui, toujours de l'aléa), soit se livrer à bien des contorsions qui iront à l'encontre de ce que vous aviez peut-être envie de faire au départ. Vous allez me dire que l'on peut s'en passer… oui, mais je le redis, les sources de points ne sont pas nombreuses.
Il vous faudra être performant sur les manoirs (situés près de la Butte aux cerfs, non loin de l'Auberge des Deux Renards) et les majorités de jetons d'influence, sources essentielles des points d'ailleurs. Après, il y a des cases autour de la table ronde qui peuvent, sous certaines conditions, vous rapporter aussi des points, mais ils sont surtout des coups opportunistes qui demandent encore un peu de réussite. Dans la boite, il est proposé une extension semble-t-il «expert», mais avec des joueurs habitués vous pouvez l’intégrer dés la première partie. Je comptais beaucoup dessus pour rehausser certains aspects du jeu, mais là aussi, j'ai pas été emballé.
Bref, j'ai trouvé Merlin décevant en l'état, et il lui faudra plus qu'une potion de polymorphie pour se transformer en un jeu convaincant.
PS 1 : Depuis la rédaction initiale de cet avis qui remonte environ à un an et demie, des modules (un phénomène commercial classique chez Queen Games : Pensez à Fresco, Lancaster ou Kingdom Builder) sont disponibles pour les amateurs de ce Merlin... il fallait bien cela je pense pour enrichir un jeu de base vraiment plat. En ce qui me concerne, après une quatrième et dernière partie, j'ai préféré revendre ma boite à quelqu'un qui saura peut-être mieux l'apprécier.
PS 2 : Toute allusion à l'humour d'une célèbre série arthurienne est bien évidemment ni fortuite, ni involontaire et surtout fut indispensable pour m'inspirer tant ce jeu m'a déçu.