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Minuit, Meurtre en Mer souhaite réellement placer l’enquête au centre de ses préoccupations ludiques et narratives, avec cette prétention d’être « LE jeu d’enquêtes immersif » plutôt qu’ « un jeu d’enquêtes ». Le jeu est ainsi admirable par l’humilité de ses mécaniques : les trois méthodes d’investigation, les quatre points d’action, le déplacement des suspects, l’avancée du paquebot, n’ont l’air de rien en comparaison avec des jeux « d’enquête » misant davantage sur le spectaculaire, et pourtant une seule enquête en difficulté intermédiaire (« amateur ») suffira pour que vous sentiez tout le potentiel de mécaniques contrôlées, simples et efficaces, l’équilibre passionnant entre efficacité et discrétion, pour résoudre une enquête étonnamment prenante, et parfois sérieusement retorse (pour les dernières, qui se payent de surcroît le luxe de modifier les règles traditionnelles du jeu).
S’il semble emprunter particulièrement à Sherlock Holmes, Détective conseil, même au Cluedo, et fait songer au Watson & Holmes développé concomitamment, sans être vraiment comparable à aucun, c’est que Minuit, Meurtre en Mer revendique une identité propre plutôt qu’une énième variation sur un jeu culte. Avec son carcan commun à toutes les enquêtes, on perd en complexité narrative ce qu’on gagne en accessibilité, en immédiateté ludique et immersive. Sa part de choix (dans les pistes à suivre), d’aléa (la vitesse du navire, le placement des suspects, un peu le dé), en font également un jeu plus rejouable que ses supposés ancêtres, malgré une vraie présence scénaristique, qui oblige à s’intéresser à la personnalité de douze suspects à chaque enquête. Il faut absolument passer outre le design assez old-school des jetons et du plateau (un feeling assez eurogame) pour s’essayer à une expérience qui paraît si maline et si neuve malgré tant de modèles et d’ancêtres. Les passionnés de jeux de société ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : Minuit, Meurtre en Mer est un assez joli succès pour que Multifaces Éditions en retire des exemplaires avec règles additionnelles, le fasse traduire en anglais et en italien, et en envisage une extension. On ne peut que souhaiter que ce succès grandisse pour l’établir comme un autre modèle du jeu d’enquêtes. Et on a naturellement très hâte que Multifaces Éditions sorte son second grand jeu, où il faudra incarner le patron d’un label discographique dans les années 1960 (à la Vinyl), très très tentant !