- Bon les gars ! Dernier tour !
- Ok ! Quelle heure il est là ? Parce que faut quand même que je dorme. J'ai un train à six heures du mat' moi.
- Ben, il est trois heures là.
- Ouintoudjiou ! Déjà !
- Bah voui ! Mais faut voir le côté positif : t'auras même pas à te lever...
Voilà ! C'est ça : *Naissance et Apogée des Empires* est un jeu long. Pour une partie de découverte, inutile d'espèrer s'en tirer à moins de six heures. Ce Wallace se donne au prix de quelques plombes de sommeil parfois précieuses. Mais j'ai retrouvé des sensations que seuls m'avait procuré jusque là le Civilization première mouture (ou plus récemment le nouveau Fief), avec des possibilités de diplomatie entre joueurs (à conditions de les intégrer spontanément dans le processus du jeu, ce qui est à mon humble avis une chose induite par ce type de jeu, mais bon...).
Mais une fois prévenu et lancé dedans, quel panard mes aïeux !
Mais avant toutes choses, il faut noter quelques flous artistiques concernant certains points de règles. Celle-ci manque parfois de précisions (la technologie Imprimerie permet-elle effectivement de ne jamais payer ses actions en phase B, ou le permet-elle une seule fois ? Ou bien encore comment fonctionne vraiment les déplacements sur l'Asie ou l'Amérique au tour 2 ?). Les épluchages de règles, ainsi que les discutions autour de l'interprétation, nombreux à la première partie, ont largement contribué à allonger la partie.
Pourtant, les règles sont simples, surtout pour du Wallace (on n'est pas dans Brass !).
Mais c'est la combinaison de quelques petits mécanismes simplissimes qui donne toute sa saveur à ce monstrueux Wallace. Il faut constamment calculer, prévoir, saisir les opportunités. Sans oublier d'envisager plusieurs solutions de repli, car les adversaires vont très certainement venir contrecarrer vos jolis plans bien huilés. C'est un déchirement pour le crâne, un exaltant supplice d'endurance pour les neurones. Et puis n'oublions quand même pas de parler de cette grille d'actions phase A et B, avec son deuxième effet Kiss Cool qu'il convient, là aussi, d'anticiper. C'est LA sacrée trouvaille du jeu (C'est Wallace hein !). Ce type doit être ingénieur pour concevoir des trucs pareils, pas possible autrement ! Ici, le cogito prime largement sur la mécanique, contrairement à la plupart des jeux "à l'allemande" qui inondent les marché (faut d'ailleurs faire un peu gaffe à cette expression. Elle risque de se transformer rapidos en cliché vaguement xénophobe, comme pour les poils et les portugais, l'argent et les suisses, la brillantine et les italiens...).
Oui, vous l'aurez compris : Naissance et Apogée des Empires est tout simplement génial, sentiment on-ne-peut-plus partagé à l'issu de cette première partie découverte à cinq joueurs, y compris chez ceux qui redoutent habituellement les jeux lourds de chez lourds (au cours de cette partie, précisons le à toutes fins utiles, je me suis fait littéralement défoncer la gueule, et ai terminé bon dernier. Pas rancunier le mec, hein ?). Je pense cependant qu'il est raisonnable d'envisager quatre heures et demie pour une partie, une fois les incertitudes dissipées.
Contrairement à ce que j'ai pu lire, on ne s'emmerde pas, ce qui pourrait être difficile à croire étant donné le temps de jeu. En effet, entre les tours, on cogite à mort, on discutaille avec les potes, ou on boit. Comment s'emmerder avec des potes ? D'autant qu'ici, le jeu vous rappelle constamment à lui, et comme s'il était une entité doué de vie, il ne vous lâche jamais la grappe. Le thème est présent, moins qu'à Automobile ou Brass certes, et sa saveur possède un sérieux goût de reviens-y.
- Bon, les gars ! Maintenant qu'on maîtrise les règles, on s'en refait une petiote dans la foulée ?
- Yeeeeeeeeeeeeeeeeeeees !
PS : personnellement, je kiffe les technologies Football et Télévision, parfaitement inutiles, tout comme les inventions elles-mêmes. CQFD !