Un dé. Un crayon. Quelques grilles numérotées de 1 à 60. Je ne connais pas jeu qui soit plus simple à pirater.
Ce que l’on fera (attention! ceci n’est pas un encouragement explicite) avec d’autant moins de scrupules et de mauvaise conscience qu’il se pratique déjà en version publique dans les centres de vacances et les colos. Demandez ainsi à vos enfants s’ils ont jamais entendu parler de Rallye Chocolat. Où l’épreuve consiste pendant le lancement continu d’un dé à enfiler un accoutrement de vieilles nippes avant de pouvoir s’attaquer, au couteau et à la fourchette, à une tablette de chocolat. Très, très fun suivant ce que m’en a rapporté ma fille. Mais les fragiles du foie et les statisticiens de tout poil et autres amateurs de tableaux chiffrés préféreront, on les comprend, se rabattre avec profit sur ce Next, ci-présent, qui ne lui cède en rien pour la jubilation et s’avère même beaucoup plus interactif.
Next, a n’en pas douter, est le bâton de dynamite qui va incendier vos soirées.
Les Hypotoniques, les Amorphes, les Apathiques, les Lymphatiques et les Ataraxiques, bref, tous les ramollos du continuum spatiotemporel sont définitivement personae non gratae sur Next. Bannis ! Seuls étant autorisés à concourir les accros de l’ultraspeed !
- Bon ! Tout le monde a sa petite grille en main ? Rapelez-vous, les gars, c’est pas le loto des gâteux. Hein ? Alors, on se donne à fond ! C’est bien compris ?
S’ensuit une séquence de frénésie collective qui donne parfois envie de rester sur la touche. Rien que pour mater. Tout le monde s’active dare-dare sur le pont. Pas de temps mort. Y’en a un qui s’acharne à faire rouler le dé au point de risquer la tendinite du poignet ( Putain, il est pipé ce dé !) quand un autre, sous la menace de cette épée de Damocles, s’emploie à biffer furieusement les nombres suivant un schéma décroissant tandis qu’un troisième enfin, anticipant son tour, roule, lui, des yeux de dément à la recherche des liaisons numériques (Bordel, il est où le 57 ?) et plaque des accords de guitare sur la grille pour se remémorer tactilement où cocher le moment venu. Les civilités n’ont décidément pas cours dans Next : à peine a-t-on arracher le crayon des mains du voisin, lequel rechigne le plus souvent à le lâcher (et pour cause il venait tout juste de localiser le nombre qu’il désespérait de trouver !) qu’un malin, maître du dé, a déjà obtenu à vos dépens un jet fatidique et se rue sur vous pour revendiquer l’outil scripturaire tant convoité. Dans cette mêlée déchaînée, il faudra toutefois savoir maîtriser un tantinet ses réactions. Passe encore que vous infligiez une entorse du poignet à l’un de vos adversaires, mais n’allez surtout pas, grands dieux! faire tomber le dé à terre, ah ça non ! parce que c’est sûr il ira droit se loger sous le vaisselier !
Les jeux d’ambiance, en principe, gagnent à se jouer à un grand nombre. S’agissant de Next il en va autrement : tout repose ici sur l’enchaînement endiablé des différentes phases et leur équilibrage : jet du dé, biffage, repérage. Au dessus de 3 ou 4 joueurs, sans doute pourra-t-on craindre un certain ralentissement de tempo et un allongement de la phase repérage. A confirmer.