Expédition : Northwest Passage est un jeu de gestion pour 2 à 4 joueurs du canadien Yves Tourigny, édité en 2013 en VF par Matagot. Le jeu propose de revivre l’aventure de l’expédition Franklin qui a tenté (sans succès) de rallier l’Atlantique au Pacifique en 1845 par les mers du grand Nord canadien à bord de 2 navires : l’Erebus et le Terror.
Chaque joueur est à la tête d’un équipage de 7 personnes à répartir entre bateau et traineau et va tenter d’atteindre, comme auparavant l’expédition Franklin, le passage du Nord-Ouest vers le Pacifique, tout en tentant de découvrir des vestiges de l’ancienne expédition. Il faudra ensuite retourner à la base (= au Groenland) sous peine de se voir infliger de lourdes pénalités, dans la limite des 10 manches que comporte le jeu.
Car voilà le challenge, il va falloir progresser le plus loin possible sans se faire prendre par les glaces. En effet, au début de chaque manche, un marqueur sera déplacé dans le sens antihoraire et déterminera quelles seront les eaux gelées et les eaux vives pour la manche à venir. Les navires ne peuvent progresser sur les eaux gelées et le traineau ne peut avancer sur les eaux vives. Il faudra donc, au gré des saisons, anticiper ses actions de pose de tuiles île, de déplacement, ainsi que la juste répartition des effectifs entre le navire et le traineau. Si je mets tout le monde dans mon traineau, je prends un gros risque car je ne laisse personne pour manœuvrer mon navire en cas de besoin, et si les glaces fondent alors que tout le monde est sur le traineau, je ne pourrai jamais revenir. A l’inverse, si je laisse trop de monde dans mon bateau, j’handicape la portée de mon traineau qui aura moins d’ouvriers et donc moins d’actions disponibles, notamment pour se déplacer jusqu’au Passage du Nord-Ouest.
Le gameplay a, de plus, une dimension tactique fort sympathique : normalement chaque joueur joue à tour de rôle une seule action parmi 6 proposées en payant le coût d’activation indiqué (de 1 à 3 ouvriers) mais peut, s’il le souhaite, en jouer une 2e consécutive voire une 3e s’il paye à chaque fois un ouvrier supplémentaire au coût d’activation normal. Le 1er joueur à passer lors d’une manche devient le 1er joueur de la manche suivante. Lorsque tout le monde a finalement passé, une nouvelle manche commence dans l’ordre du tour indiqué, après avoir décalé le marqueur de limite des glaces, et on « remonte » tous ses ouvriers de la zone repos à la zone d’action. Facile et efficace.
Le scoring de Northwest Passage repose sur 3 éléments :
1. Une course compétitive entre les joueurs le 1er à atteindre le Northwest Passage touche plus de points que le suivant qui lui-même touche plus de points que le 3e s’il y en a un.
Même chose pour le retour au Groenland.
2. Les jetons acquis « au fil de l’eau » (si l’on peut dire) : inuits, cairns, mais aussi cartographie détroit et les restes de l’expédition Franklin en fonction de leur situation sur la carte. Plus loin ils sont situé du Groenland plus ils rapportent car la zone est plus dangereuse à atteindre.
3. Les primes de fin de partie accordées en fonction des 3 derniers types de jetons cités au point précédent.
Les deux reproches que je ferais à Northwest Passage sont d’une part des tuiles un peu fines et des jetons un peu petits, qui se portent en faux de la qualité de réalisation des règles, du plateau et des pions. Il est regrettable d’avoir rogné pour si peu…Et aussi l’aléatoire des tuiles qui peuvent mettre à mal une stratégie quand on a peu de chance ; on peut certes les renouveler mais au coût d’une action coûtant 2 ouvriers, et c’est parfois servir la soupe aux adversaires si les tuiles nouvellement tirées sont intéressantes. Pour le reste, le jeu n’a pas eu un large succès et c’est dommage car la mécanique est tout à fait unique et reflète très bien le thème, et les difficultés qu’ont connues les malheureux marins de l’expédition d’origine. A essayer absolument. 8.5/10