Après l'excellent Fertility sorti l'année dernière, Catch Up Games récidive sur l'Egypte Antique, avec ce jeu sobrement intitulé Pharaon. Dans ce jeu, le but des joueurs sera de faire les meilleurs accomplissements possibles pour préparer, en tant que Pharaon, leur passage dans l'au-delà.
Encore une fois, un matériel de haute volée. La boite est splendide, le plateau tablette des dieux est très bien réalisé, les illus très jolies, les ressources, les cartes... Sans faute de ce côté là. Bien joué Catch Up.
La mécanique est quand à elle parfaitement huilée. Devant nous, le magnifique plateau tablette des dieux, composé de plusieurs quartiers, avec au centre une roue à faire tourner. Pour accéder à ces quartiers, chaque joueur paye la ressource qui lui a été attribuée par la roue centrale. Premier twist, la roue comporte plusieurs emplacements en dessous des quartiers, et lorsque ceux ci se voient tous occupés par une ressource, il n'est plus possible d'accéder au quartier. Du placement d'ouvrier, sans ouvrier en somme.
Puis, le joueur dépense ses ressources, en fonction du quartier sélectionné, pour faire ses actions, parmi, entre autres :
- Le quartier des nobles : Payer une ressource de chaque type pour obtenir un noble, marquer des points avec et gagner un pouvoir, soit one shot, permanent ou à jouer lors de son tour.
- Le quartier des artisans : payer trois ressources pour gagner une carte artisan, les PV qui vont avec et des ressources supplémentaires le cas échéant.
- La chambre funéraire : payer les ressources indiquées sur le quartier pour avancer d'une étape sur la construction de votre chambre funéraire. Plus le joueur avance sur cette piste, plus il score un max.
- Le quartier des offrandes : la simple ressource posée sur la roue vous permet de prendre un lot de deux offrandes qui peuvent vous donner des points bonus, d'accéder plus facilement à certains quartiers, des ressources bonus, etc.
- Le quartier du nil, ou il faudra payer un lot de 2 ressources pour gagner 2 autres ressources, puis avancer son pion sur une piste de progression correspondant à chaque type de ressources. Plus on est haut sur ces pistes, plus on gagne des points, de 0 à 7 points plus précisément.
Lorsqu'un joueur ne veut\peut plus dépenser de ressources, il passe. Les autres joueurs continuent leur tour jusqu'à ce que tout le monde ait passé, sauf que, second twist, les joueurs ayant passé peuvent continuer à engranger des ressources pendant que les autres joueurs continuent de dépenser les leurs.
A la fin de la manche, troisième twist, la roue tourne d'un cran, ce qui fait que les ressources a payer pour accéder à un quartier ne seront plus les mêmes qu'à la manche précédente. Le jeu se déroule ainsi en 5 manches, avant de procéder à un décompte de points final version salade de points.
De l'anticipation, du placement, du combo, plusieurs voies possibles pour l'emporter, tels sont les ingrédients de ce jeu, au demeurant très bon.
Mais malgré toutes ses qualités, j'ai eu du mal à rentrer dans le thème, que j'ai trouvé plutôt abstrait pour le coup. Comprendre par là que j'ai eu du mal à ressentir la thématique. En fait, j'ai eu le sentiment de jouer à n'importe quel autre jeu de pose d'ouvrier et de gestion de ressources, plutôt que d'être un Pharaon qui fait plein de trucs cools avant de passer l'arme à gauche, et c'est dommage. J'ai trouvé aussi que le jeu se cherchait un peu : complexe pour des joueurs occasionnels, et dans le même temps simple pour des joueurs confirmés. Ce qui ne m'a pas empêché de l'apprécier, mais ces quelques points ont fait que je n'ai pas eu de réel coup de coeur pour le jeu.
Je pense que néanmoins, Pharaon restera un des jolis succès de cette année, de par ses nombreux points forts, et je retournerai volontiers préparer ma mort si on me propose à nouveau une partie.
EDIT :
Et donc, après une nouvelle partie, le coup de coeur a été au final bel et bien au rendez vous. Après une erreur de règle lors de la partie précédente, lors de la mise en place, nous avions omis de nous choisir une carte scribe, et donc privés d'un pouvoir de début de partie. Voilà qui m'aurait aidé à m'immerger dans le jeu et à ne pas avoir cette sensation de "encore un énième jeu de gestion de ressources". Bien que ça reste quand même assez abstrait, et que la thématique fait malgré tout un peu plaquée, je l'ai cette fois davantage ressentie.
C'est assez rare que j'édite un avis, mais il faut savoir reconnaître lorsque l'on s'est trompé. C'est le cas. Donc, méa culpa.
En conclusion définitive, Pharaon est pour moi un des titres phares de 2019, et bien qu'il soit un peu entre deux chaises au niveau du public ciblé, le plaisir de jeu est au rendez vous et c'est bien là l'essentiel. Une réussite royale.