Rajas of the Ganges est un jeu de placement d’ouvriers utilisant des D6 de quatre couleurs comme ressources. À première vue, il a tout du jeu à l’allemande, nationalité et passif de ses auteurs (le couple Brand) et de son éditeur HUCH!, mécanique centrale, thème indien plutôt plaqué, plateau chargé… Pourtant il n’est pas si facile de le résumer à cette catégorie, aussi vague soit-elle.
D’abord parce que le jeu est loin d’être difficile, avec une seule action à réaliser par tour dans l’une des quatre/cinq zones distinctes, ce qui limite la quantité d’informations à appréhender d’emblée, d’autant que les bénéfices de ces zones sont assez intriqués pour que tous soient relativement valables. Rajas of the Ganges propose ainsi une bonne courbe d’apprentissage pendant ses premières parties, permettant de passer de la compréhension rapide des mécaniques à leur maîtrise plus fine, se révélant alors un jeu d’optimisation assez tendu.
C’est que, contrairement à tant de ses confrères, Rajas of the Ganges n’est pas un jeu à salade de points, où chacun réaliserait des dizaines d’actions dans son coin sans aucune visibilité sur le score des autres, avant le long calcul final aboutissant au dévoilement final d’un podium vaguement soupçonné. De fait, il se fonde sur un système… de course.
Vous remporterez en effet au cours de la partie de l’argent et des points de gloire, qui vous feront progresser sur deux pistes partant de coins opposés du plateau central. Et pour remporter la partie, il s’agira simplement de faire se croiser ses marqueurs de gloire et d’argent. Ainsi Rajas of the Ganges double-t-il la bataille pour les emplacements d’ouvriers d’une obligation de surveiller la double-progression des autres afin de comprendre quand on peut prendre le temps de poser les bases d’un fructueux gain futur ou quand il faut viser le petit gain rapide.
Il faut enfin dire que si le thème est assez artificiel, il donne lieu à un matériel tout à fait joli, une myriade de couleurs qu’accompagne une iconographie très claire afin d’éviter tout report aux règles.
Et entre les notices historiques à la fin du manuel de règles, la mécanique de montée du Gange, la construction de routes et bâtiments autour de son palais, le plateau représentant la déesse Kali pour porter un dé sur chaque main, le karma pour l’inverser, les meeples enturbannés, l’éléphant tridimensionnel comme marqueur premier joueur… on ne croit pas au thème mais on oublie très vite qu’il est plaqué, pour apprécier qu’il soit si joliment exploité, éditorialement et mécaniquement, dans une œuvre devenue l’un de mes jeux intermédiaires préférés.
L'intégralité de la critique de Rajas of the Ganges (et de The Dice Charmers) est lisible sur VonGuru :