Eh oui ! Il est là ! Ce jeu pour deux, trois ou quatre - quasi inconnu au bataillon francophone - que nous fait découvrir le jury allemand. Parfaitement jouable en français…
Nous voici transportés sur l’Ile de Pâques, plantant dans le sol les hautes statues de pierre qu’on appelle des Moaï. Chacune d’elles nous rapportera 4 points de victoire qui s’ajouteront à ceux que nous aurons gagnés au cours d’une partie qui dure environ 40 minutes.
Ces chers points de victoire, vous en gagnerez certains durant la partie, d’autres durant l’évaluation finale. Pour les obtenir, il faut d’abord réunir du bois et créer une tribu dont les différentes cartes sont des bûcherons, des chasseurs-cueilleurs et des prêtres.
Les bûcherons vous apportent du bois : un matériau précieux pour les sacrifices, la mise en place des statues et la fabrication des outils. Les chasseurs-cueilleurs, spécialisés dans différents domaines (la pêche, les légumes, les fruits), vous font gagner des vivres qui entreront dans le mécanisme des sacrifices. Les prêtres apportent des points de victoire durant la partie mais pas lors de l’évaluation finale.
Chaque joueur dispose d’un territoire sur lequel il peut poser les cartes qui viennent d’être décrites. Pour poser une carte, il faut l’avoir en main. La première carte posée est gratuite. Si vous en posez plusieurs (nécessairement du même type), vous devez y joindre un prix raisonnable en bois. Exception : la mise en place de statues (les Moaï) coûte 7 bois.
Les cartes qui sont dans vos mains viennent d’un mécanisme propre à Rapa Nui. La dernière phase de votre tour de jeu est de ravitailler votre main à concurrence de 3 cartes (si vous venez d’en poser deux sur votre territoire, vous pouvez en prendre deux dans la réserve ouverte). La réserve ouverte où vous puisez vos nouvelles cartes affiche 4 rangées de 4 cartes. Vous devez nécessairement prendre les premières cartes de ces rangées. Mais c’est ici précisément que la finesse du jeu pointe : lorsque vous avez fini de vous servir, la rangée dans laquelle vous avez pioché votre dernière carte, indique précisément un apport (bois, légumes/fruits/poissons ou points de victoire) dont tous les joueurs profitent. Si c’est du bois, vous en recevez autant que de bûcherons et de Moaï (statues) déjà posés sur votre territoire. Si ce sont des points de victoire, autant que vous avez de Moaï ou de prêtres déjà posés. Si c’est un légume, un fruit ou un poisson, autant que vous avez de chasseurs-cueilleurs de la catégorie concernée.
Dernière source de revenus, utiles en fin de jeu : la mise en place de Moai chez un joueur provoque un sacrifice sur la grande pierre de l’ile de Pâques. Chaque joueur offre à cette occasion des légumes, des fruits ou du poisson, sous forme de cartes. Certaines sont posées « cachées » ; d’autres à découvert. Or ce grand don va créer une situation dont chacun essaie de tenir compte : en fin de partie, si vous détenez des cartes de fruits, de légumes ou de poisson, elles valent d’autant plus qu’elles ont été souvent offertes en sacrifice durant la partie. Cela revient à dire qu’il faut à la fois en sacrifier et à la fois en garder…
Comme on le voit, Rapa Nui est plein de nuances. S’il n’est pas difficile à jouer, il suppose deux choses : quelqu’un qui parvienne à en expliquer clairement la règle et des joueurs qui en apprivoisent l’équilibre qui fait la qualité de son mécanisme.
Les parties se succédant, nous pensons qu'à 3 ou 4 joueurs il doit se décliner très différemment de nos parties en couple. S'il n'y a qu'une douzaine de bûcherons, la lutte doit être chaude pour obtenir le très précieux bois. Voilà en tout cas ce qui nous reste à découvrir !
Gudrun et Pascal Deru (Casse-Noisettes, Bruxelles)