Du côté du matériel, il n’y a rien à redire sur Rome and roll. Les plateaux de jeu sont bien épais et effaçables, les feutres Velléda à la couleur de chaque joueur permettent une bonne lisibilité sur le plateau central de quel bâtiment est à quel joueur, les cartes sont grandes et toilées, et les dés sont énoooormes ! Les illustrations réalistes ne plairont sans doute pas à tout le monde, mais bon, on reste dans du jeu « à l’allemande ». Les plateaux individuels sont très ergonomiques, l’aide de jeu rappelant les actions possibles est très utile pour les premières parties. La partie « entrepôt » où vous notez les ressources récupérées est plus lisible quand vous effacez au fur et à mesure les ressources utilisées que si vous choisissez de simplement les barrer. Mes joueurs n’ont d’abord pas compris pourquoi les lettres pour symboliser les ressources étaient en anglais, même dans la version française ; mais quand on y réfléchit, difficile de faire autrement quand trois d’entre elles commencent par un « B » (brique, bois et bijou) et deux par un « P » (poisson et pierre) …
J’ai beaucoup aimé la gestion de l’interaction entre les joueurs. En effet, la plupart des actions réalisées pendant la partie impactent les autres : draft de dés, système des sénateurs qui donnent des bonus si on construit son bâtiment près des adversaires (le plateau central, recto-verso, s’adapte au nombre de joueurs pour favoriser cette interaction), levée de légions qui octroient des pièces aux joueurs adverses si on utilise leurs bâtiments, construction de routes qui peuvent leur permettre de taxer leurs provinces, échange de ressources qui activent les bâtiments de production de tous les joueurs, … Il est quasiment impossible pour un joueur de se développer dans son coin, les interactions sont importantes, et il faudra surveiller les adversaires.
Rome and roll, c’est aussi un jeu asymétrique par le truchement des plateaux joueurs. Chacun donne un bonus de départ différent, les cases bleues des pistes de victoire ne sont pas les mêmes, et les conseillers corruptibles diffèrent également. Cela se traduit par des stratégies divergentes pour marquer des points de victoire, des focus sur certaines actions, et parfois même lorsque vous jouerez un même personnage à plusieurs reprises, vous irez dans des directions différentes pour vous imposer. La boîte de base dispose de 4 personnages différents, et une extension propose 3 personnages supplémentaires, de quoi varier les expériences donc.
Vous l’aurez compris, Rome and roll vient occuper un créneau peu fréquent des jeux de roll and write, puisqu’il s’agit d’un jeu clairement expert. Cela se ressent dans la recherche nécessaire d’optimisation des actions, car il s’agit d’une course aux points, même si l’assimilation des règles est plutôt facile pour un jeu de ce calibre. Certains de mes camarades de jeu sont ressortis de la partie en se demandant « pourquoi en avoir fait un roll and write alors qu’il aurait pu s’agir d’un simple jeu de gestion, avec des ressources en bois et des figurines de bâtiments à placer ? » Et finalement, pourquoi pas ? La mécanique fonctionne parfaitement, le jeu est extrêmement plaisant à jouer et la mise en place est bien plus facile avec un roll and write que pour un gros jeu de gestion avec des ressources partout. Si vous êtes un joueur averti avide de nouveaux challenges, je ne peux que vous le recommander !