"Les ailes déployées, la silhouette menaçante se détachait sur l'horizon devant le soleil couchant.
Margath approchait.
Debout au milieu de la plaine, Lyssa la guerrière mit un genou au sol sans quitter le dragon des yeux. Elle se saisit d'une poignée de terre poussiéreuse pour s'en frotter doucement les mains, se releva et sorti l'épée de son fourreau. Elle repensa à Laurel de Boisanglant et Mok le Spirit qui avaient échoué face à Margath ; A présent, ils devaient festoyer au Walhalla en compagnie des guerriers tombés avec Honneur, l'épée à la main.
"- Le festin attendra ! Approche dragon !" fit Lyssa la machoire serrée. Son équipements, acquis à prix d'or après bien des aventures sur les terres de Terrinoth, devait lui permettre de résister aux crocs et griffes de Margath et puis son instinct de Katjie aurait fait le reste.
... mais Margath l'ignora ! Il passa presque silencieusement au dessus de la guerrière, sans s'arrêter mais non sans agir : Lyssa eut tout juste le temps de s'abriter sous son bouclier pour se protéger des lourdes fèces malodorantes relâchées par le dragon moqueur.
Dépitée, recouverte d'un jus marron, nauséabond et fumant, elle regarda la bête s'éloigner en direction de Tamalir".
Bon, j'en rajoute un peu sur la fin (un clin d'oeil à un épisode de kaamelott), mais dans une de nos parties, Lyssa s'est vraiment retrouver la dernière survivante face à Margath qui l'a carrément ignorée en faisant un grand bond vers Tamalir, provoquant la fin de la partie.
Runebound 3ième édition est un bac à sable épique et festif. Voilà, je pourrais à la limite m'arrêter à cette phrase qui résume bien ce que je pense globalement du jeu, mais question argumentation, c'est un peu court, je le sens bien, alors je vais un peu développer.
Je suis venu assez tard à ce genre de jeu pour diverses raisons mais surtout parce que j'ai pensé pendant longtemps que la "mécanique" JdR était supérieure au plateau pour traiter la Fantasy et le médiéval-fantastique avec la dose d'aventures, de combats et de rêves qui convient. J'avais croisé le route de Talisman il y a bien longtemps, puis plus tard un petit peu de Warcraft d'un coté, un petit peu de Descent de l'autre et un beau jour, ce fut Runebound 3ième édition. Alors je le précise tout de suite, je n'ai pas joué aux éditions précédentes, notamment à celle de Martin Wallace, non par choix mais tout simplement parce que l'occasion ne s'était jamais présentée.
Ce qui m'a enchanté dés la lecture des règles et la première partie, c'est la relative liberté qui est laissée à chaque joueur pour aller où bon lui semble équiper son héros, mener telle ou telle quête (ou pas), s'entrainer, affronter en combat des créatures diverses, explorer des territoires, etc...bref, vivre une aventure indépendamment des autres, tout cela dans un seul but : vaincre le plus gros vilain du scénario retenu. En générale, on commence par Margath, un dragon qui n'a aucun sens de l'humour (sauf quand il vous survol dédaigneusement, demandez à Lyssa) ; le deuxième scénario de la boite de base consiste à affronter un Nécromancien et ses morts-vivants un peu trop envahissants.
Runebound n'est pas un coopératif mais l'extension "Liens indissolubles" permet de le jouer ainsi et même en solo. Cependant, je préfère le mode compétitif. Attention : tout le monde peut perdre contre le jeu si on arrive au bout d'un certain nombre de tour sans avoir vaincu le "big boss" ou bien tout simplement parce que tous les héros sont tombés face à lui. Oui, car si votre personnage peut perdre un combat, il se retire seulement blessé, sauf... contre le grand méchant, cible de la partie : Si vous perdez contre lui, votre héros n'aura plus qu'à reposer en paix. Runebound a bénéficié de plusieurs extensions qui rajoutent surtout de nouveaux personnages, cartes et pions ou encore un scénario comme dans "Pris dans la toile" (arachnophobes s'abstenir) ou le sinistre "La chute de l'étoile funeste".
Le plus déroutant, ce sont les combats. On ne lance pas de dés, mais des jetons ronds avec lesquels, selon les faces obtenues, il faudra combiner pour jouer au mieux chaque phase de l'affrontement et recommencer au besoin jusqu'à élimination de l'ennemi que votre héros affronte. Mais ce qui est drôle, c'est qu'un joueur adverse lance aussi des jetons pour jouer la créature que vous combattez, ce qui donne souvent des affrontements épiques et subtils car vous n'êtes pas passif devant votre résultat, vous devez le gérer. Question matériel, on a une pléthore de cartes quêtes, équipements, compétences, évènements, ainsi que différents jetons, 6 figurines de héros et un beau plateau illustrant le monde de Terrinoth, le tout avec des illustrations plutôt classiques pour ce genre d'univers mais suffisantes pour l'immersion.
J'ai vécu de vrais moments de bravoure avec Runebound et même si nous sommes rivaux, voir le dernier héros encore en vie terrasser (de justesse) Vorakesh suite à une partie difficile m'avait fait bondir de ma chaise en criant un "Ouai ! On l'a eu !".
Runebound n'est pas aussi pointu qu'un Mage Knight certes, mais sa fluidité et ses règles, finalement pas aussi complexes qu'on pourrait le craindre, (il faut bien comprendre la phase de combat par contre) en font un jeu abordable et pas difficile à sortir avec des joueurs un peu habitués. J'aurais bien aimé voir quelques grands méchants supplémentaires mais dans sa catégorie, il est l'un des meilleurs jeux d'aventures sur plateau auxquels j'ai eu le plaisir de jouer.