Récit entier disponible ici (pour une meilleure compréhension, je vous conseille de lire la nouvelle sur le blog, notamment car chaque portion du plateau a été renommée et qu'une carte du monde est incorporée au récit)
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I. L’avènement des Grands Anciens
Au commencement, Smallworld était un monde stérile, couvert de mares de boue infertiles et de cristaux magiques dont les radiations radioactives rendaient toute forme de vie impossible.
On ne sait pas pourquoi ni comment, mais voilà des millions d’années, une race extraterrestre, les Grands Anciens, débarqua à Smallworld. Il semblerait qu’ils puisaient leur énergie vitale directement des champs de cristaux magiques, tout en étant immunisés à leur toxicité mortifère. Ils commencèrent par faire pousser d’immenses champignonnières à travers le monde afin de se nourrir. Puis, ils érigèrent les montagnes noires et y bâtirent des habitations troglodytiques. La moitié des montagnes leur servait de résidence, tandis que l’autre moitié fût exploitée par des mines souterraines. On pense que les Grands Besoins épuisèrent si rapidement les radiations des cristaux magiques en surface qu’ils eurent besoin de creuser les sous-sols pour en emmagasiner davantage.
On ne sait rien des mœurs des Grands Anciens, si ce n’est qu’il s’agissait d’entités amalgameuses : elles voyageaient de planète en planète, pillaient toutes les ressources nécessaires à leur subsistance, puis disparaissaient comme elles étaient venues. Leur passage pouvait être bénéfique comme laisser des séquelles irréparables. Dans le cas de Smallworld, leur venue y insuffla la vie, car ils absorbèrent entièrement la radioactivité des cristaux magiques, laissant les micro-organismes qui proliféraient au sein des mares de boue le temps de se développer sans être systématiquement irradiés.
Les Grands Anciens ont mené une existence paisible et ont occupé le pays des siècles durant. On ne sait pas ce qui a provoqué leur déclin, mais on suppose qu’à force de creuser les mines toujours plus profondément, ils ont réveillé un mal millénaire sous la forme d’un bestiaire de créatures mythologiques surpuissantes. La guerre qui s’ensuivit les aurait totalement anéantis. L’emplacement actuel des gouffres sans fond aurait été à leur époque celui de montagnes noires qui ont été détruites durant la conflit entre les monstres et les Grands Anciens. C’est aussi durant cette guerre que la faille entre l’est et l’ouest de Smallworld se serait formée, due à l’éruption de volcans aujourd’hui éteints : Lava et Salamandra. Elle aurait été un gigantesque fleuve de lave en fusion avant de devenir un cours d’eau puissant des siècles plus tard.
Les zones ouest et est n’avaient pas, à l’époque, de distinction nominative. Aujourd’hui, on se réfère à elles sous les noms de La Crypte à l’est, et Les Catacombes à l’ouest.
L’extinction des Grands Anciens laissa la place à un règne de violence entre des dragons cracheurs de feu, des cerbères carnassiers, des mégalodons fangeux… L’animosité des monstres était sans limite, ce qui causa leur perte. Après des décennies de luttes intestines, ils s’exterminèrent entre eux. Les peuplades victorieuses, exsangues, se trouvèrent refuge dans des régions distinctes. La faune et la flore purent se régénérer au cours de cette brève accalmie.
II. Carte de Smallworld
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III. De l’An 0 à l’An 100 : les premiers nés
L’histoire contemporaine de Smallworld commença avec l’apparition de la race des Cultistes. Ils étaient menés par une entité à tête de poulpe qu’ils appelaient Grand Ancien. S’il s’agissait d’une divinité guerrière à la puissance incommensurable, elle était bien loin d’égaler celle de ses homonymes disparus.
Leur conquête débuta dans la Crypte par la zone nord de la mare de boue appelée Le Labyrinthe. Ils possédaient une affinité particulière avec les champignons, qu’ils utilisaient à la fois comme nourriture, ingrédient à potion et matériau défensif. On a retrouvé des fossiles de boucliers champignonneux dans les régions d’Entoloma et de Gyromitra où ils établirent des colonies de peuplement vers l’an 9. Ce sont eux qui exterminèrent les grizzlis-ogres de la région de Gyromitra vers l’an 20 et qui la rendirent habitable pour les générations futures. En 21, ils y découvrirent également la crypte de la callipyge, une entité spectrale protectrice qui accompagna leur essor. On ne saurait dire si c’est la magie de leur Grand Ancien qui permit cette trouvaille salutaire. Toujours est-il que ces deux divinités qu’ils côtoyaient assurèrent leur développement.
En parallèle, la première race à peupler les Catacombes fut celle des Gnomes. Les Gnomes étaient une peuplade technologiquement avancée, qui maîtrisait déjà la mécanique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ils chevauchaient des engins à moteur munis de foreuses automatisées, qui extrayait les minerais dont ils se nourrissaient.
Possédant une affinité pour les régions montagnardes, c’est tout naturellement qu’ils apparurent vers l’an 30 aux abords des monts brûlants. A partir de là, ils se propagèrent au sud, colonisant la large champignonnière d’Amanita dès l’an 45, puis les monts fumants, une dizaine d’années plus tard. Les Gnomes étaient une race repliée sur elle-même, peu encline à se mélanger ou à communiquer avec d’autres races, si bien qu’on possède peu d’éléments anthropologiques à leur sujet.
Vers l’an 60, une race atypique apparut à Smallworld : les Feux Follets. On suppose que ces exhalaisons gazeuses ont pu exister grâce aux champs de cristaux magiques dont elles tirent leur vivacité.
Les Feux Follets colonisèrent le monde d’une façon singulière. Ils apparurent dans la mine de Meiji, fondant leurs premières colonies dans ses tunnels gorgés de cristaux magiques. Peuple des profondeurs, ils construisirent, vingt années durant, un dédale labyrinthique sous les champs de cristaux magiques de Malachite et, jusque sous les mines de Coatl. On a même retrouvé des traces de leur présence datant de l’an 90 au sud des mines d’Hydra, ce qui peut signifier deux choses : soit leurs galeries souterraines s’étendaient dans toute la partie méridionale du continent, soit la légende qui indique que les feux follets, en exterminant les colosses métalliques établis à l’est de Malachite, ont trouvé le paillasson volant, une relique ancestrale, est fondée et ils s’en sont servis pour se déplacer et coloniser Hydra. Sachant qu’à ce jour, aucune trace archéologique du paillasson volant n’a été trouvée, et que son existence a simplement été relatée dans les fables orales de l’ancien temps, aucun spécialiste ne donne de crédit a cette théorie rocambolesque.
IV. L’An 100 à l’An 200 : Premières interactions entre les peuples
Au cours de ce siècle, les Cultistes étendirent leur influence sur les Monts Ardents en réhabilitant les maisons troglodytes des Grands Anciens. Aux alentours de l’année 117, Les gnomes traversèrent le fleuve, à l’aide de bateaux à aube issus de leur arsenal. En 132, ils s’emparèrent de la citadelle de Nécropolis, après un siège de trois ans pour y déloger les derniers descendants des minotaures qui avaient combattus les Grands Anciens. En 177, les Feux Follets s’emparèrent de la partie nord des mines d’Hydra en y chassant les hydres cendrées qui y prospéraient. Au plus profond des mines, ils activèrent les Portes du Pouvoir, artefact millénaire aujourd’hui éteint, dont la légende argue qu’il était une passerelle entre le passé, le présent et le futur. Cela explique peut-être les traces de présence des Feux Follets dans les mines de Dragonis, au nord des Catacombes, dès les années 190. Ou alors est-ce encore la résultante de leur possession de ce paillasson volant dont nous nions l’existence.
Ce siècle pacifique marqua le début des échanges commerciaux entre les races, notamment avec les Gnomes qui, sous le règne de leur roi Ilom Le Minuscule (124-155), firent de Nécropolis leur capitale administrative et commerciale. Ils vendaient leurs outils aux Cultistes et aux Feux Follets, qui étaient loin de posséder un tel savoir-faire. L’expansion de la technologie gnome explique peut-être le succès des Cultistes dans la conquête des Monts Ardents, eux qui se cantonnaient jusqu’alors à la moiteur sécurisante des champignonnières qu’ils avaient peuplées un siècle plus tôt.
V. L’An 200 à l’An 300 : La fièvre de l’or
Alors que la construction de Smallworld était marquée du sceau de la paix depuis deux siècles, ce troisième siècle d’évolution fut une période noire, entachée par une maladie jusqu’alors inconnue : la fièvre de l’or.
On ne sait pas exactement en quelle année le premier malade se déclara. Mais dès 204, les Gnomes changèrent totalement leur comportement. Comme à leurs origines, ils se renfermèrent sur eux-même. Les halls de Nécropolis résonnaient du son de la foreuse et de la perceuse, tandis qu’ils creusaient toujours plus profond, dénichant des filons de cristaux magiques, mais aussi d’or et de diamant. C’est ainsi que, poussé par leur avidité, ils développèrent la fièvre de l’or.
D’abord matérialisée par des symptômes bénins, comme des maux de tête ou des troubles du sommeil, elle se transforma vite en affliction psychique gravissime. Elle poussa les Gnomes à thésauriser toujours plus. Mais surtout, elle transposa leur savoir-faire, mis jusqu’à présent au service de l’industrie mécanique, en une industrie militaire à grand rendement qui créa des armes de guerre aussi perfectionnés que dangereuses. Usant de cet arsenal martial inédit, ils entamèrent la conquête d’Hydra en 222. Pourtant densément peuplée et défendue, la mine céda lors de la bataille des ponts de Lerne en 223, durant laquelle la souveraine gnome, Nanom l’architrollesse (186-255), qui avait mariée un troll vénéneux d’Amonita, utilisa ses chaussettes puantes pour intoxiquer les réserves de vivres des feux follets et annihiler leur résistance. Les représailles des feux follets furent dévastatrices. En 225, la mine de Dragonis déversa une force armée qui marcha vers les Monts Brûlants en traversant la région d’Heliodore. Devant cette manœuvre, Nanom expédia le gros de ses troupes au nord des Catacombes. Mais cela n’avait été qu’une diversion. Au printemps 227, Nécropolis tombait aux mains des feux follets sans résistance. Ils étaient à présent maîtres de toute la partie méridionale de la Crypte, et leur soif de vengeance était infinie.
Les Cultistes furent neutres dans le conflit qui opposa Gnomes et Feux Follets. Consolidant leurs défenses à l’aide de rituels puissants, ils se replièrent dans leurs bastions de Gyromitra, ainsi que dans la partie nord du Labyrinthe. Le Grand Ancien disparut, le spectre de la callipyge erra dans les tunnels des Monts Ardents et fut perdue de vue, elle qui était une entité vouée à la défense, non à l’attaque.
VI. L’An 300 à l’An 400 : Champigneux et déclin des Gnomes
Les Cultistes déclinant, les Gnomes et les Feux Follets embourbés dans leurs querelles, le quatrième siècle était propice à l’apparition d’une nouvelle espèce. C’est exactement ce qui se produisit. Dès l’an 300, les rumeurs de l’apparition d’une nouvelle race de créatures-champignons, les Champigneux, apparaissaient dans les écrits Gnomes et les archives des scribes Cultistes. Certains affirment que les Champigneux seraient liés au Grand Ancien disparu au siècle dernier. L’affinité de la race des Cultistes avec les champignons est avérée, et les Champigneux auraient été créé pour contrer les velléités de conquête des Gnomes. Si tout ceci reste de la spéculation d’historien, toujours est-il que les Champigneux, après avoir proliféré à Dolomite puis au Pic, s’emparèrent des territoires gnomes d’Amanita. Nul doute que ce peuple ne pouvait se contenter de vivre au milieu des cristaux magiques ou dans des mares de boue, et qu’il avait besoin des champignonnières pour se développer. Leur animosité rapide envers les Gnomes soutiendrait la thèse d’une affiliation avec les Cultistes, mais ceci était plus probablement un concours de circonstances. Amanita étant la champignonnière la plus étendue du continent, les Gnomes devaient probablement être au mauvais en droit au mauvais moment : celui de l’expansion inexorable d’une race jeune face à une race affaiblie par les guerres et sur le déclin. D’ailleurs, peu après la perte d’Amanita dans les années 340, les Gnomes furent tout simplement rayés de la carte. Ils disparurent des Catacombes aussi vite qu’ils les avaient conquises, laissant derrière eux un héritage de technologie avant-gardiste et un armement destructeur que les autres peuples ne savaient manier et qui sombra dans la déliquescence et l’oubli. On suppose que, suite à une erreur de jugement, les Gnomes activèrent les Portes du Pouvoir à Hydra et furent happés dans une dimension parallèle. Leur disparition permit aux Feux Follets de reconquérir le nord d’Hydra vers la fin du siècle. Traumatisés par une guerre de plus de cent ans, qui leur avait coûté une bonne partie de leurs ressources martiales et pécuniaires, les Feux Follets n’étaient plus que l’ombre de leur gloire passée. Ils subsistaient uniquement grâce à leur affinité extraordinaire avec les cristaux magiques, d’ou ils tiraient leur longévité. Leur race avait vue le jour dans les mines de Meijin plus de trois cent ans auparavant et, si son déclin était proche et inéluctable tant elle avait souffert de la guerre contre les gnomes, son influence sur le monde de Smallworld et son héritage culturel est encore vivace de nos jours.
VII. L’An 400 à l’An 500 : L’apparition des Mimics
Le cinquième siècle vit la race des Champigneux étendre son influence sur les Catacombes. De quatre, elle passa à sept régions sous son contrôle, évitant scrupuleusement toute interaction avec le peuple des Feux Follets, qui occupait encore le nord d’Hydra. Les deux peuples cohabitèrent dans les mines jusqu’en 444, année qui marqua la disparition des Feux Follets de Smallworld. Ils fanèrent du jour au lendemain, comme la pénombre face à un rayon de soleil, laissant vide tout le sud de la Crypte ainsi que les régions de Dragonis et d’Heliodore. Leur héritage fût précieux pour les civilisations qui suivirent, notamment toute la documentation qu’ils laissèrent à propos des mines et de leur exploitation. Si on arrive encore aujourd’hui à extraire des cristaux magiques, c’est grâce à l’expertise des Feux Follets. Ils nous ont appris la manière dont il fallait prendre soin de cette matière, dont les courants de magie qui soufflent sur le continent tirent leur essence
Plus tôt dans le siècle, vers 430, une nouvelle race apparut à Smallworld : celle des Mimics, un peuple imitateur et cultivé, qui nous à légué, entre autres, les arts du théâtre, du mime et de la peinture.
Paradoxalement, ces êtres délicats et empreints de sagesse se complaisaient dans les mares de boue. Ils délogèrent les Cultistes du Labyrinthe avant d’étendre leur domination à la région d’Entoloma. Durant tout le siècle, ils entreprirent de bâtir une cité immense à travers les étendues boueuses du Labyrinthe. Mimétis devint rapidement la capitale culturelle et artistique du continent. En 444, les Mimics conclurent un pacte de non-agression avec les Champigneux. Ils purent ainsi commercer et échanger leurs connaissances en toute sécurité, bâtissant des villes portuaires sur les côtes d’Amanita et Entoloma. Le trafic fluvial entre les deux régions s’intensifia et se professionnalisa. Marchandises, étudiants, et même les premiers touristes tels que nous utilisons ce terme aujourd’hui, circulaient entre la Crypte et les Catacombes. Smallworld connaissait dans le même temps son âge d’or intellectuel. Les Champigneux firent des progrès spectaculaires dans les domaines de la médecine, de la physique et des mathématiques, tandis que les Mimics consolidaient les bases de l’enseignement supérieur et des sciences politiques et sociales modernes.
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Ça te plaît et tu veux connaître la seconde moitié de l'Histoire de Smallworld, la suite disponible sur mon blog :