Une fois n'est pas coutume, la présence d'un thème plaqué au marteau sur le jeu m'a quelque peu surpris cette fois-ci au point que je m'en suis même rendu compte. Le jeu aurait pu s'appeler "Continents et Objets" que je n'aurais rien trouvé à y redire, mais le fait d'employer le terme espion doit faire appel à un imaginaire quelconque dont le jeu est extrèmement loin.
Cette introduction faite quant au thème qui n'est de toute façon pas le point fort de l'auteur, penchons-nous sur le jeu lui-même. Comme d'habitude, Knizia nous met dans une situation où l'on manque cruellement et continuellement de coups dans son tour de jeu et où l'on se doit de choisir entre utiliser une carte pour le continent ou bien pour l'objet qu'elle représente. En permanence frustrant : c'est ainsi que l'on pourrait sans doute qualifier le mieux Spy, mais dans le bon sens du terme.
On se retrouve donc à tenter de faire des combinaisons tantôt d'objets, tantôt de continents afin de poser un maximum de ses espions. Plus l'on a de cartes, plus l'on va poser d'espions, mais plus on attend, plus il faut de cartes pour poser des espions. Le serpent se mord donc bien la queue et le dilemme est donc bien présent. L'autre point important du jeu, est son aspect bluff, puisque l'on expose devant soi, de plus en plus de cartes qui donnent a priori une indication sur les combinaisons en cours. Mais la manière de les placer, le choix même des cartes à révéler, incitent le joueur à tenter le bluff et l'intox. Et ça marche plutôt bien.
La partie de s'éternise pas, et l'on bien souvent envie d'en refaire rapidement une autre, sensation que connaissent bien les amateurs des petits jeux rapides de Knizia. Si je devais faire un reproche à Spy, ce serait son apparent manque de contrôle : en effet, à quatre joueurs, il n'est pas facile de jouer en fonction des autres, et l'on tente alors plutôt de faire des combinaisons que d'interagir, ce qui est dommage.
Au final, un bon petit jeu made in Knizia qui fait plaisir et que l'on ressort volontiers régulièrement.