On ne flâne pas nonchalamment à Strasbourg, que nenni !
On peut bien y jouer en 50 minutes-une heure avec un peu d'habitude, cela reste un si ce n'est le jeu le plus tendu que je connaisse. Pas d'arbre de développement ici que l'on déroule en bon gestionnaire. Il faut définir ses objectifs prioritaires, planifier ses enchères semi-programmées à un tour et prier.
Des cinq cartes d'objectifs choisis en début de partie dépendra le fil directeur de votre partie mais vos adversaires convoitent souvent les mêmes enchères que vous pour d'autres raisons.
Alors à Strasbourg gagne celui qui développera la meilleure assurance tous-risques, celui qui se ramassera le moins, qui s'adaptera le mieux aux renversements de situations, qui gérera objectivement l'équilibre entre les objectifs individuels et les emplacement collectifs les plus intéressants. Et tout cela sans filet car il n'y a aucun mécanisme de ré-équilibrage. Voilà ce que c'est que Strasbourg.
Alors on peut tenter de conjurer le sort, la mauvaise fortune par le choix judicieux des cartes d'objectifs, la planification, la définition hiérarchisée des objectifs, la lecture du jeu des adversaires très importante dans ce jeu très interactif où un seul coup peut faire très mal, l'opportunisme de placement, la programmation maligne et souple de ses enchères, l'appropriation de l'adage "ne pas mettre ses oeufs dans le même panier", la capacité à décider d'un coup de banco, l'influence de la noblesse ou du clergé au bon moment, la gestion sensée des privilèges...
Au final Strasbourg est précisément un extraordinaire jeu d'enchères aux règles simples, d'une heure extrêmement tendu et violent, opportuniste, interactif, particulièrement frustrant et qui offre tout de même de nombreux choix d'actions. Le tout superbement illustré.