Tout le monde l'aura noté, Sultaniya dispose d'un matériel très attractif, grâce aux illustrations de Xavier Colette et à des figurines de Djinn soignées.
C'est donc un premier très bon point pour donner envie de jouer, cependant, en chipotant, tout n'est pas parfait :
* il y a un problème de visibilité. Surveiller le nombre de gardes de ses adversaires, notamment, est très pénible, vu qu'ils sont parfois discrets,
* on aurait bien aimé un rappel visuel des prix et pouvoirs des Djinns, pour éviter de consulter sans cesse la règle lors des premières parties ("*il fait quoi déjà le rouge ?*")
* les plateaux personnels ne sont pas prévus dans le thermoformage, et l'espace vertical restant ne suffit pas à leur empilement, ce qui fait que le couvercle est finalement sur-élevé
La règle est simple, du moins si on se la fait expliquer par quelqu'un ayant essuyé quelques parties. Car elle présente quelques zones d'ombre dans les textes :
* on ne sait pas ce qu'on doit faire si on ne PEUT pas construire quand plus aucune tuile ne correspond,
* la notion de concordance des tuiles n'est pas claire (manque un second exemple à mes yeux),
* l'alignement vertical (colonne) pour les objectifs est également sujet à caution : exactement aligné ou dans la même "demi-tuile" en largeur ?
Passés ces quelques écueils très secondaires en soit, mais qui rendent le premier contact un peu laborieux, voyons le principal, le gameplay et la mécanique.
Le fait est qu'elle ne propose rien de bien passionnant pour les stratèges. On édifie son palais comme on peut, au gré de ce qu'il y a. Il est globalement difficile de prévoir quoi que ce soit. Comme il n'y a que rarement une "bonne" tuile pour soi-même à disposition, les coups défensifs consistant à priver l'adversaire d'une bonne tuile sont un choix de repli à considérer. C'est toujours ça.
Les Djinns sont par ailleurs là pour ouvrir quelques possibilités, et leur utilisation à bon escient est un aspect intéressant à évaluer.
Toutefois, même dépenser 3 saphirs (qu'on a rarement) se fait sans aucune garantie d'obtenir l'élément qui nous manque, sauf à avoir appris par cœur toutes les tuiles, et retenu celles déjà sorties.
L'asymétrie partielle des éléments de scoring et de départ selon les joueurs est plutôt réussie, néanmoins celà peut créer un petit déséquilibre à 3 joueurs, où deux d'entre eux se retrouvent en concurrence sur certaines tuiles, pendant que le troisième larron est un peu plus tranquille.
**Le ramage de Sultaniya n'est donc malheureusement pas à la hauteur de son plumage.
Somme toute assez creux à mes yeux, il aura du mal à satisfaire des joueurs chevronnés. Son côté un peu confus en première partie risque par ailleurs de perdre les néophytes.**
En familial un peu malin, il existe déjà, il me semble, des jeux plus évidents et plus satisfaisants pour tout le monde.