Suprématie, il fait partie des ancêtres de ma ludothèque et il fait partie de ceux que j'aime ressortir. Tout d'abord parce que j'aime le contexte qu'il évoque, celui de la guerre froide qui est celui de mon enfance. Les russes ne sont pas loin et mes grands-parents accumulaient les provisions dans leur cave. Ensuite, parce que la proximité avec Risk le rend accessible.
Le jeu est très graphique, mais tout le monde n'aime pas ... faut dire que le jeu ne fait pas dans la sobriété. Les couleurs des pions rappellent les T-shirts Waikiki.
Le plus de ce jeu ce sont les règles économiques. Bon rien de trop difficile. Il y a trois ressources : le pétrole, les céréales et le minerai. Chaque action coûtent certaines ressources. Par exemple déplacer des armées coûte du pétrole ou des céréales, selon que l'on se déplace par terre ou par air/mer. Donc faire la guerre a un coût. Les opérations militaires doivent être correctement planifiées. Est-il vraiment prudent de vider les caisses de l'état pour conquérir une région, sachant que je serai à la merci de tout monde ?
Le prix des matières premières (les ressources) est fixé selon la loi de l'offre et de la demande. Si je vend tout mon stock de pétrole, je fais écouler le prix. Si j'achète tout alors le prix augmente. C'est là où le jeu est malin, il force les joueurs à monter des consortiums : j'achète toutes les céréales et toi au tour suivant tu vends ton stock, et on partage les bénéfices.
Le jeu est meilleur avec de la diplomatie et de la négociation. Par exemple, vous développez l'arme nucléaire : alors vous pouvez racketter les autres joueurs par la menace. Vous avez développé les satellites antimissiles, vous pouvez louer vos services de protection , etc.
Suprématie permet vraiment, par quelques mécaniques simples, de sentir les tensions de guerre froide, et rien que pour ça, rien que pour cette expérience il vaut le détour. N'oubliez que pour nous, les joueurs de l'époque : tout cela était plausible, presque cathartique, tout comme l'est Twilight pour l'époque actuelle.