Commençons par un grief inévitable:
- Le jeu est cher, même s'il n'atteint pas l'inflation de certains de ses concurrents thématiques (Zombicide) ou de la même catégorie (Jeux de poutrage avec des figurines… contentons-nous de citer GW), la petite boîte de base de ce Walking Dead est emballée pour 50 euros à la louche, et propose un matériel somme toute minimal pour ne pas dire minimaliste: 18 figurines, 11 éléments de décors en carton fort, la poignée nécessaire de tokens et de dés spéciaux, 6 fiches de survivant dangereusement fines, 15 cartes Évènements seulement, 16 petites cartes de Ressources seulement, 8 petites cartes Équipement seulement, 1 poster 20x20 en papier représentant un tronçon de route qui ne demande qu'à se déchirer et qui refuse de rester bien à plat une fois déployé, forcément.
- Ça suffit pour jouer, incontestablement, mais si l'on veut enchaîner les parties et enrichir ce jeu (et la tentation est irrépressible), les extensions sont à l'avenant: Chaque saison, ou vague, est introduite par une extension principale qui demande un investissement de 40 euros, pour 1 nouveau poster en papier glacé, 6 figurines, quelques cartes supplémentaires et quelques décors en cartons. Après quoi les Boosters de 3 figurines s'égrainent aux alentour de 18 euros.
Placez des figurines dans l'équation et les prix s'envolent, c'est attendu, et puis nous le savons bien, ceux qui achètent ce genre de jeux sont des compulsifs notoires… mais on aurait aimé que le reste du matériel imprimé soit plus généreux en terme de variété et peut être aussi de qualité. Un effort qui vaut bien 50 boules, et qu'assurent, me semble-t-il, les concurrents pré-cités.
Enchaînons cependant sur quelques constats enthousiastes:
- Ce jeu est aux petits oignons.
- Le principe d'escarmouches opportunistes, encadré par des règles éculées, simples et efficaces (chaque joueur active alternativement ses survivants qui disposent de 2 actions) , produit des parties brèves, denses, nerveuses et parfaitement fun. Les tours s'enchaînent rapidement et sans temps-morts - l'action, confinée dans sa petite surface surpeuplée, se tend irrémédiablement et tout le temps à mesure que l'inévitable niveau de menace plonge dans le rouge (et il progresse vite). Lorsque ce niveau atteint sa limite, la partie s'achève dans la plupart des configurations.
- Les survivants, sauf aménagement scénaristique, ne coopèrent pas mais s'affrontent autour d'objectifs perdus au milieu des zombies, qu'ils peuvent s'envoyer dans les pattes par le truchement de cartes Évènement - d'autant plus déstabilisatrices que le niveau de menace est élevé - ou de manière plus retorse, en faisant du bruit à des endroits bien choisis - C'est méchant, bien vu, et rafraîchissant: Les parties n'en sont que plus disputées et plus riches en rebondissements tordus, puisqu'un cerveau humain vous fait face, en lieu et place de la petite IA mécanique des jeux coopératifs. La dimension tactique est donc bien tenue, il s'agit de s'adapter rapidement au chaos de l'action, en gérant autant que faire ce peut le niveau de menace, et surtout en se positionnant intelligemment par rapport à son adversaire et à des zombies dotés d'une capacité de mouvement surprenante.
- Le système de création de scénarios et de campagne est lui aussi simple et efficace: Des points "d'armée" à distribuer entre des survivants plus ou moins expérimentés et leurs équipement de départ, au prorata de la surface de jeu, au prorata du nombre et de la nature des objectifs, au prorata du nombre de rôdeurs, au prorata du nombre et de la nature des éléments de décor, et inversement… Chaque extension principale de saison/vague intègre de nouveaux développements à ce système carré et diablement modulable, véritable autoroute pour la création de campagnes scénarisées ou pas.
- On aurait aimé des figurines moulées dans un plastique plus ferme, mais ça reste bénin, les modèles sont convaincants et tous uniques voilà tout; beaucoup moins pulp que ceux de Zombicide car fidèles à la BD. Tant mieux pour les aficionados, et pas plus mal pour ceux qui cherchent une ambiance "ZombieCatastrophe" plus sombre et dystopique.
Finissons sur des considérations en vrac:
- Amateurs de modélisme et de diorama, voici un chouette bac à sable.
- Si l'on se fiche pas mal de la différence d'échelle entre plateau et figurines, une fusion avec le rigolo mais pénible Zombies!!! de Steve Jackson se fait les doigts dans le nez (Remplacez 1 "Pouce" par 1 "Case" et le tour est joué!)
- Ça se joue pas mal à 1 (Pas besoin d'investir dans le stand alone solo), parfaitement à deux, et très bien à 3 ou 4.
- Je suis hameçonné, tant pis pour le prix...