À première vue, Trapwords est désespérément classique : deux équipes, une personne qui doit faire deviner les mots à ses partenaires, sans prononcer les mots interdits secrètement décidés par ses adversaires, on a l’impression d’avoir déjà vu ça cent fois, et c’est juste.
Paradoxalement, ce qui confère au jeu son originalité risque également de le couper d’une part du public qu’il aurait pu avoir l’ambition de viser. La thématisation heroic fantasy fonctionne en effet très bien matériellement et mécaniquement, et on n’imagine pas toutes ces idées se fondre aussi efficacement dans une oeuvre plus abstraite. Or l’abstraction est généralement perçu comme une garantie pour les « jeux à mots » parce qu’elle en assure une relative universalité, quand un public « geek » peut préférer un jeu assumant plus franchement l’heroic fantasy, et quand un public non-geek peut instinctivement se détourner de Trapwords.
C’est dommage, parce que sans rien réinventer, Trapwords s’avère très amusant, dynamique, court, matériellement généreux, assez joli, et s’accorde même le luxe de surprises et de rebondissements inhabituels dans ce genre, sans ternir son accessibilité. Peut-être pas un incontournable, mais un jeu à envisager sérieusement quand on est plus de quatre (donc trop pour profiter pleinement de Décrypto), même un nombre impair, que l’on souhaite quelque chose de plus construit que Just One et de plus exigeant que Taboo.
La critique complète du jeu est lisible sur VonGuru :