Nombre de partie 'en vrai' : 0
Nombre de partie en ligne (BoardGameArena) : environ 60
La première chose que je tiens à souligner à Troyes, c'est le système très interactif d'achat des dés. Vous pouvez retirez à vos adversaires leurs meilleurs dés pour réaliser vos propres actions, mais plus vous allez utiliser cette possibilité violemment, plus vous allez devoir leur donner de compensation financière. Et l'argent est justement un des nerfs de la guerre pour allez chercher chez les autres les dés intéressants où prendre place sur des cartes activités indispensables à sa stratégie.
Cette gestion de l'interaction est pour moi une grande réussite : elle laisse la possibilité de contrer les stratégies adverses en utilisant ses dés clés, mais sans être trop destructive pour le joueur qui la subit.
De la bonne interaction, il y en aura a tous les niveaux : sur le stock de dés donc, mais aussi directement sur le positionnement des meeple dans les bâtiments, et de façon plus indirecte sur les places disponibles à la cathédrale, sur les cartes activités et sur les majorités des événements.
Si vous recherchez un jeu où vous pouvez construire votre jeu tranquillement et sans imprévu, à l'abri des méchancetés de vos petits camarades, j'ai le regret de vous dire que vous n'êtes pas bien tombés ! Il s'agit là d'un jeu 'vivant', où il faudra agir en fonction de vos adversaires.
Il sera donc primordial de surveiller vos adversaires, anticiper leur action selon leurs possibilités. Et ça tombe bien, Troyes est un jeu très lisible : pas de pouvoirs latents, une ressource générique pour payer les différents coûts (les deniers), une autre pour recruter les meeples et gérer la valeur de ses dés (l'influence).
Sur la version en ligne (la seule que j'ai pratiqué), c'est très simple à suivre.
Je précise à ce stade que même si certaines cartes activités fonctionneront bien ensemble, il ne s'agit pas ici d'un jeu 'combo' avec plein d'effets en cascade. Il n'y aura pas non plus de réelle montée en puissance, si ce n'est que le choix d'action va progressivement s'étoffer.
A l'inverse, il s'agit plutôt d'un jeu cyclique, les positions acquises dans les bâtiments pouvant être reprises par les adversaires. Mais cet aspect colle justement parfaitement pour moi avec l'interaction très forte du jeu, et qui permet à chaque joueur de rester 'important' dans l'équilibre du jeu global à tout moment.
Pour autant, Troyes reste malgré tout un jeu très contrôlable, à condition de faire preuve de flexibilité et de ne pas hésiter à changer de plan ou ne pas faire les actions dans l'ordre initialement prévu.
Certes, les cartes activités révèlent au fur et à mesure de la partie, et ont un gros impact sur le jeu, et selon les sorties, cela pourra favoriser où à l'inverse mettre à mal votre stratégie. Mais avec l'habitude, on connaîtra rapidement l'ensemble des cartes possibles (notamment activités), et on saura se préparer au mieux pour jouer sur un maximum de tableau.
Certes, les événements pourront perturber un plan. Mais c'est parfois un avantage relatif, car les adversaires peuvent en souffrir plus que nous, et on s'arrangera au contraire pour que ces malus collectifs restent un maximum de temps sur le terrain.
Certes, qui dit jeu de dé dit forcément hasard. Mais s'il est évident que récupérer des grosses valeurs sera souvent bénéfiques pour réaliser de grosses actions, les faibles valeurs peuvent aussi avoir leur utilité pour se placer dans les bâtiments. Et surtout avoir, un dé 'faible', c'est aussi l'assurance qu'il n'intéressa pas les adversaires, et on peut le conserver jusqu'à sa prochaine action où un coup d'influence pourra le transformer en dé très utile.
Au niveau de la diversité des parties, il existe relativement peu de cartes activités, et donc on reverra souvent les mêmes. Cependant, la présence d'événement, les valeurs de vos dés, les potentiels personnage, et surtout, l'influence des actions des autres sur votre jeu garantit des parties différentes.
Réussir à trouver la combinaison moine + sculpteur qui va bien sera très simple, réussir à l'activer efficacement à chaque fois que ces cartes sortent, ce sera une toute autre paire de manche !
Le seul point qui me déçoit sur Troyes, c'est le système de personnage. Je trouve que l'ajout d'un scoring avec ces personnages cachés colle très bien à un jeu comme Troyes, mais son application pratique ne me satisfait pas complètement :
- selon le nombre de joueur, on joue 3 ou 4 personnages sur 6. De ce fait, les probabilités qu'un personnage soit présent est assez fortes.
- certains personnages, qui valorisent les ressources non dépensées, me semble intéressants, car ils implique des dilemmes : garder ses ressources pour des points bonus potentiels où pas, alors que les dépenser permettraient des actions plus efficaces. Mais d'autres fonctionnent plutôt en bonifiant ceux qui auront mis l'accent sur un des aspects du jeu. Hors bien souvent, des joueurs récupèrent les points associés sans avoir sciemment visé l'accomplissement du personnage, qu'ils n'avaient pas spécialement deviné. Il s'agit donc régulièrement.
- les seuils d'exigences sont plus ou moins 'simples' à remplir, et selon les personnages le différentiel de points est souvent plus important que d'autres.
Chose importante à savoir aussi à mon sens, comme souvent, la physionomie du jeu va beaucoup évoluer selon la configuration :
- A 3 joueurs, c'est certainement la configuration où le jeu est à son point le plus équilibré entre l'interaction, l'opportunisme et la stratégie.
- A 2 joueurs, le jeu peut devenir beaucoup plus méchant, en cas de mauvaise gestion de votre trésorerie, il est possible de beaucoup plus subir. Et ici, pas de configuration '2 contre 1' possible pour limiter les actions d'un joueur en tête.
- A 4 joueurs, tout le monde est relativement plus à l'aise financièrement, et ceci couplé au fait que le nombre de joueur augmente, entre deux tours il y aura une véritable razzia sur les dés. Les tours peuvent donner l'impression de passer très vite (mais il y en aura plus), et le jeu sera moins porté sur la gestion de son économie que sur le fait d'aller rapidement chercher des actions lucrative en points.
Toutes les configurations sont intéressantes, mais elles n'apportent pas toutes exactement la même chose, notamment la configuration 2 joueurs, qui demandera un peu plus de calcul.
Niveau direction artistique, je laisserai chacun juger. Au départ, je trouvais ça simplement moche, et à force de voir ces illustrations, je m'y suis habitué. Et si je ne trouve toujours pas ça spécialement joli, il en ressort au moins une certaine identité visuel du jeu assez caractéristique.
En conclusion, Troyes est pour moi un excellent jeu poids moyen, pour des durées moyennes (1 à 2 heures), et avec une excellente interaction. Entre les actions adverses et les aléas des différents éléments, il faudra sans cesse s'adapter. Mais le jeu donne les moyens qu'il faut pour ça, et reste finalement assez stratégique : une bonne partie du score se joue souvent sur quelques beaux coups patiemment préparés et réalisés au bon moment.
Les parties peuvent s'enchaîner sans soucis, revoir les mêmes cartes activités ne sera pas dérangeant car l'aléa du reste et surtout la grande interaction dictera de toute façon des parties différentes à chaque fois.