A la découverte du contenu de la boite, ce qui saute aux yeux, c’est que Watson et Holmes n’est clairement pas un jeu pour les malvoyants ! Même si ces derniers sont, presque par nature, déjà équipés d’une loupe et que cela ajoute à l’ambiance fin 19ème des romans d’Arthur Conan Doyle, il ne sera pas facile pour ces joueurs de décrypter l’écriture minuscule imprimée sur des fonds qui réduisent le contraste au minimum du tolérable. Il faut dire que pour écrire le nom des personnages en rouge sur fond rose, même vieux (le « rose », pas le lecteur), on affiche clairement sa volonté de ne pas voir les joueurs ayant des problèmes de vue s’intéresser au jeu qu’on édite. Pourtant, mon trip aurai été de jouer à la lueur de bougies afin de recréer cette fameuse ambiance … j’oublie …
Bon, à contrario, et à la décharge du susdit éditeur, il faut admettre que les documents que contient la boite permettent, grâce à leurs esthétiques, de nous plonger très facilement dans l’ambiance.
Tant que nous sommes dans la forme, nous pouvons également noter que la boite, certes originale (type classeur), est loin d’être un exemple à suivre. En effet, elle permet juste de caser ce qu’elle contient et à la moindre secousse, ou ne serait-ce que l’envie d’un rangement verticale (ce qui semble pourtant logique pour une boite de type classeur), et c’est le « vrac » assuré. Ne pensez pas qu’un petit sac plastique (non-fourni) pourrait arranger les choses car l’espace pour le rangement des jetons ne permet pas ce genre de fantaisie. Je ne vous parlerai pas non plus de l’envie de stocker quelques feuilles et crayons pourtant nécessaires lors des parties (pas toutes car cela est parfois proscrit) car il ne faut même pas y penser. Incroyable qu’avec le nombre de jeux édités, on en soit encore à ne pas savoir faire une boite digne de ce nom. Pourtant, cet éditeur nous a habitués à beaucoup mieux sur le sujet.
Pour la suite, on s’arme de sa loupe, on enfile sa capeline et on attaque la lecture des règles pour essayer d’y voir plus clair !
Sans être un modèle de clarté, les règles sont compréhensibles, mais soyons honnêtes, cela tient également du fait qu’elles sont relativement simples. Cela dit, étant donné que le côté « tâtonnement » que l’on accorde habituellement à la première partie jouée est impossible ici, au risque de gâcher le scénario, je pense qu’un effort aurait été le bienvenue sur l’aspect didactique de la règle, d’autant que le jeu s’adresse à un public « familial ».
Mais qu’en est-il du jeu ? Le recul (3 enquêtes) est faible mais de grandes tendances s’en dégagent toutefois :
Ce jeu n’est pas fait pour être joué à 3, c’est certain. Même si cela est possible et tout à fait ludique, on passe à côté d’un aspect important du jeu, la gestion des calèches. Car à moins que les joueurs ne soient dans la partie que pour perturber les autres, les gènes sont très limitées lors des phases de visite. En revanche, à 5, cela prend une toute autre dimension et la compétition fait rage. La mécanique (c’est à la mode la mécanique …) est simple et efficace car l’intérêt du jeu repose sur la qualité des scénarios et je vous l’assure, ils sont de qualité, indéniablement mon cher Watson. De plus, quelle idée géniale que d’avoir intégré un QR code qui permet d’accéder à une lecture de l’introduction de l’enquête. Ce léger accent « so british » du narrateur vous transporte directement à Londres, sans passer par Calais. Pour le coup, cela rend un énorme service aux malvoyants évoqués au début de ce texte. Un regret toutefois, la solution aurait également pu être narrée, car même si cela aurait compliqué la gestion de la confidentialité, les joueurs n’auraient retenu que cela … Quelle belle fin cela aurait été.
En résumé, malgré ses légers défauts, je ne regrette pas l’achat de ce jeu. Il a su me transporter dans l’univers si particulier de Sir Conan Doyle … et ce n’est pas fini …
Alors ne gâchons pas notre plaisir, « Watson et Holmes » est un excellent jeu !