Vous êtes un romain ventripotent, décadent et aviné. La vie pour vous n'est plus qu'une longue suite d'orgies durant lesquelles vous faites parfois tomber votre bout de pain dans la marmite de fromage fondu. Réfugié dans votre Villa, le sort du monde vous importe plus beaucoup, il faut bien le dire... Et pourtant, les Goths sont là ! Enfin, ils approchent inexorablement, très attirés par les richesses d'un empire qui a négligé ses défenses semble-t-il pour profiter de la vie. Aussi qu'allez vous faire ? Lever des légions ou verser quelques tributs aux envahisseurs barbares pour qu'ils vous laissent tranquilles et pillent plutôt les autres ? Ou bien courir tant bien que mal (en relevant votre toge jusqu'aux hanches, sinon vous allez vous ramasser hein...) pour embarquer sur une galère et trouver enfin refuge à Carthage, ce qui est quand même un comble pour un romain... ?
"- Moi ? Mais... les deux par Jupiter !"
Et bien oui, il faut vraiment faire les deux. Le thème de Gloria Mundi est ainsi plutôt original : Nous sommes des romains qui galopent pour sauver leur peau. On ne lance pas de fières légions à la conquête de nouvelles terres (pff ! Ce serait d'un commun !), on ne livre pas de terribles batailles contre carthaginois, celtes, germains, et autres barbares en tout genre, non... on trace le plus vite possible pour se réfugier à Carthage, en achetant de temps à autres la paix sociale par le versement de tributs aux tribus (vous suivez ?) ou en levant une malheureuse légion qui aura sans doute quelques soucis. Et quand on donne pas ce que les Goths demandent, et bien ils avancent en cassant un peu tout, même chez les autres ; Oh oui, elle est bien loin la Pax et la concorde romaine.
Bon, concernant le matériel de jeu, même il y a 15 ans, on avait vu mieux. Le plateau est pas mal comme souvent chez Phalanx, mais les pions en plastoc translucide, c'est très spécial, faut aimer quoi, surtout le pion Goth tout rose, qui semble sortir, comme l'avait écrit à l'époque Bruno Faidutti, "de la Love-parade berlinoise". Les cartes sont illustrées très sobrement, les autres pions (legions, nourriture, or) sont surtout "fonctionnels".
Néanmoins, nous avions là un jeu de course plutôt marrant, dans lequel il est possible de ralentir la progression des autres, et ce à chaque fois que l'on dit aux Goths "Quoi ? de l'or et de la nouriture ? Et puis quoi encore ? Allez vous faire f.....!" (oui, à cette époque, question citation aussi, les romains étaient devenus très décadents). En effet, des bâtiments qu'on avait péniblement installés devant soi peuvent être détruits, ravagés par la fureur gothique, mais chez les petits copains aussi... et parfois même, plus chez eux si on s'y prend bien. Oui, on peut faire des petites fourberies entre amis, c'est même vivement conseillé. Cela dit, Gloria Mundi n'est pas un jeu d'une grande profondeur il faut le reconnaître et il est même un peu trop chaotique pour certains. Son charme a surtout résidé dans son thème décalé.
C'est un titre qui passerait assez inaperçu finalement si il sortait aujourd'hui, mais bon... rejouer une petite partie à l'occasion, pourquoi pas ?