Kamakor souffle le chaud et le froid. Grand amateur de Gosu dont j'ai fait de nombreuses parties, je m'étais jeté sur son extension dès sa sortie alors même que je n'avais plus trop le temps (ni les partenaires) pour y jouer. Après quelques parties l'avis avait été unanime pour mes différents joueurs : trop complexe par rapport au jeu de base pour finalement pas grand-chose. Je lui ai redonné sa chance plusieurs fois depuis et c'est bien simple, je ne joue plus sans ! (notamment sur BoardGame Arena)
Le vrai défaut de Kamakor, c'est qu'elle n'est pas adaptée au format du jeu : les extensions de jeux de cartes sont d'habitude plus légères et servent surtout à renouveler jeu de base (exemple avec Seasons, où une extension contient 20 cartes différentes contre 50 pour le jeu de base, les nouveaux effets servant surtout à comboter avec les cartes déjà connues).
Kamakor propose à l'inverse un lifting complet avec 5 nouvelles familles aux effets plus complexes que celles du jeu de base. Première chose à éviter, ne jouer qu'avec l'extension : on retombera dans le travers des premières parties de Gosu liées à la méconnaissance des cartes. Je conseille de ne mettre au début que 2 nouvelles familles parmi les 5 avec lesquelles on joue, et de monter à 3 (voire 4) une fois qu'on les connait bien.
C'est à ce prix qu'on apprécie Kamakor à sa juste valeur. Même si on retient moins les pouvoirs des nouvelles cartes, celles-ci sont suffisamment diluées dans celles du jeu de base (2 sur 5 donc) ce qui permet de conserver la fluidité du jeu tout en renouvelant les parties de manière "classique". Les nouvelles mécaniques (Shadow Jump, libération, utilisation d'une carte pour payer un pouvoir, réduction du coût de mutation, jetons Dragoon) s'apprivoisent alors au fil des parties qui se montrent toujours différentes.
L'apprentissage et l'introduction progressive des nouvelles familles permet en effet de profiter du gros argument de l'extension : une durée de vie énorme puisqu'en choisissant 5 familles parmi 10 disponible on se retrouve avec 252 combinaisons différentes ! (100 différentes rien qu'avec le ratio 3 familles de base/2 nouvelles) On peut ainsi apprendre à jouer avec les nouvelles familles en faisant tourner les configurations (à l'image de nombreuses extensions qui proposent aujourd'hui plusieurs modules à intégrer selon l'envie), ce qui évite la lassitude.
Kamakor possède, tout comme Gosu, les défauts de ses qualités : sa générosité (multiplie par 2 le contenu du jeu de base) et son statut d'extension "surcouche" (rajoute de nouvelles notions un peu plus complexes à gérer de prime abord) peuvent étouffer les joueurs sous la nouveauté. Il faut donc prendre son temps pour la découvrir et pouvoir en profiter pleinement sous peine de passer à côté.