Pas de cabale contre le matériel...
Ce jeu édité par Gigamic présenté sous une boîte hexagonale de belle facture renferme un matériel attirant, une soixantaine de petites pièces pyramidales en six couleurs. Un sac en tissu et une règle en de nombreuses langues dont le français termine la bonne note globale de Kabaleo matériellement. Toutefois, les alvéoles pour le rangement après utilisation ne sont pas très pratiques et le thermoformage risque de finir rapidement à la poubelle.
La règle, première source de cabale ?
Le but du jeu demeure de posséder à la fin du jeu un maximum de pyramides de sa couleur. Pour s'approprier une pyramide, la dernière pièce posée (celle du dessus) doit être de sa couleur. En début de partie, on privilégie un mode de jeu (pyramides tirées au hasard ou équitablement) et on dispose les pièces de départ au centre de la table. Chacun pioche une couleur secrète et le jeu commence. A son tour, on choisit une pièce et on la pose sur une pièce de départ (si couleur différente) ou sur une autre pyramide déjà posée. Dans ce dernier cas, si les couleurs sont différentes, rien ne se passe sinon les deux pyramides de même couleur sont détruites et retirées définitivement du jeu. La partie se poursuit jusqu'à la pose de la dernière pièce. Le gagnant est celui qui chapeaute avec sa couleur le plus de pyramides.
Et alors, au final, ça reste pas terrible !
Le constat semble implacable, les règles proposées par l'éditeur et peut-être l'auteur souffrent d'un syndrome véritablement handicapant, le déséquilibre. En l'état, Kabaleo ne présente qu'un intérêt mineur tant le dernier joueur possède un avantage pour remporter la victoire indiscutable. Des ajouts ont été apportés comme l'interdiction de poser une pyramide sur la dernière case/pile jouée. Malgré cela, le dernier joueur possède un avantage considérable car rien n'empêche celui-ci de calculer tranquillement le coup le plus profitable et ainsi optimiser ses chances de victoire. On ressent un certain dépit devant ce « bug » irréparable. Gigamic démontre sa capacité à réaliser des jeux avec un matériel original et esthétique. On aurait aimé que Kabaleo offre des sensations ludiques plus poussées. En dehors d'un public familial, moins regardant sur la qualité intrinsèque des mécanismes, de nombreux joueurs aguerris s'étonneront de la fadeur globale de l'ensemble. Le bluff léger n'apporte qu'une incertitude temporaire sur la couleur secrète d'autrui, les joueurs ayant tendance inconsciemment à conserver leurs pièces afin de garder un minimum de contrôle sur le destin d'une partie. Détruire une pièce le second mécanisme de Kabaleo a tendance, avec des joueurs agressifs, à dénaturer l'ensemble. Parfois, on se retrouve juste avec les pièces de départ qui sont indestructibles. Cela enlève presque de la finesse et du plaisir. L'auteur pioche des petits « trucs » à droite et à gauche pour pimenter sa création sans réellement chercher la formule idéale, il se contente d'approximations, ce qui se traduit par un résultat bancal et inachevé. Sans la beauté et l'originalité de son matériel, Kabaleo ne présente que peu d'intérêt en dehors de sa simplicité et de ses parties courtes.
Comme il est dommage que Gigamic et l'auteur ne présentent pas de solutions véritables pour équilibrer le tout, je vous livre une petite variante afin de définitivement équilibrer vos parties de Kabaleo. Il suffit de jouer une manche par joueur. A trois joueurs, on fait trois manches et le premier joueur change à chaque tour. A la fin d'une manche, on marque un point par pyramide de sa couleur. Celui qui a les plus de points au terme des manches gagne la partie. On note aussi à chaque manche pour tous les joueurs sa pile avec le plus de pyramides. En cas d'égalité, celui qui a obtenu la pile la plus haute gagne la partie. Si nouvelle égalité, on regarde la seconde pyramide la plus haute et ainsi de suite. Si aucun départage possible, cela se termine par un match nul.