Bon, y a pas, quand on ouvre la boite, il y a de quoi être déçu. Une vingtaine de petites cartes et 3 pions pour une dizaine d'euros, ça fait cher la carte et le pion. Sans compter un « bug » assez gênant : les cartes de l'extension sont légèrement plus claires que celles du jeu de base, les rendant reconnaissables. On peut cependant régler ce problème en coupant systématiquement les paquets avant de piocher.
La moitié des cartes provient de l'extension promotionnelle « Das Banquet », livrée avec un numéro du magazine Spielbox : plus une extension « pour rire » qu'un réel approfondissement et rééquilibrage du jeu. Autre point : si l'extension permet de jouer à St Petersburg à 5, je continue à penser que le jeu fonctionne le mieux à 2 ou 3 joueurs. Bon, admettons qu'un ou deux tours de jeu supplémentaires, apportées par les nouvelles cartes, rendent le jeu à 4 plus intéressant. À 2 ou 3, il vaut mieux enlever quelques cartes (cf variante sur la fiche du jeu) pour conserver l'équilibre du jeu de base.
Pour tout autre jeu que St Petersburg, une telle « extension » serait passée au mieux inaperçue, au pire aurait soulevé un torrent de critiques. Mais voilà : en quelques cartes, la mécanique et l'équilibrage de de St Petersburg, alors quasi-parfaits, se trouvent sublimés. Un véritable tour de force qui n'est pas sans rappeler d'autres développements exceptionnels de Tom Lehmann, comme la première extension de Race for the Galaxy ou l'injustement méconnu Phoenicia. On se retrouve alors face à un énorme concentré du jeu de développement, avec juste ce qu'il faut de stratégie, d'opportunisme, de hasard et d'interaction, d'une richesse tout à fait comparable aux ténors du jeu de développement, et tout ça en une petite heure de jeu.
Loin d'un succédané de Puerto Rico et autres Funkenschlag, l'innocente petite boite bleue, aux illustrations si inégales, devient alors un élément incontournable de toute ludothèque.